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Julien Guénebaut, défi réussi pour son premier disque

Pour ses débuts discographiques, a fait un choix relativement rare, celui d'aborder des œuvres tardives de . En effet, chez ce pianiste et chef d'orchestre qui a bénéficié des conseils d'Alfred Brendel, « l'univers de Schubert suscite un intérêt tout particulier », explique le livret.

La jaquette de ce disque, reproduisant une peinture sombre qui fait vaguement penser à des tableaux de Francis Bacon, évoque difficilement un enregistrement de Schubert, encore moins celui de la Sonate « Fantaisie ». D'où une petite surprise à l'écoute de son interprétation.

La surprise, c'est la douceur et la finesse dont fait preuve le pianiste (et qui semble contredire l'image de la jaquette). Le sens du chant, omniprésent chez Schubert, est tout à fait manifeste chez Guénebaut, notamment dans les deux mouvements initiaux de la Sonate en sol majeur et dans le Klavierstück n°2. Il possède un son agréable à l'oreille, sobre et équilibré, qui ne brille certes pas de mille feux, mais s'accorde parfaitement aux morceaux qu'il interprète. Cette sonorité lui permet d'exprimer une profonde sérénité dans cette Sonate que Liszt considérait comme un « poème virgilien ». Il parvient également à suspendre le temps sans lourdeur, l'un des défis les plus extraordinaires du répertoire schubertien.

De toute évidence, construit son interprétation avec un soin extrême, en se basant sur une réflexion musicale méticuleuse. Les Klavierstücke traduisent éloquemment sa démarche. Mais cette attention donne l'impression que sa musique, trop posée, manque parfois de spontanéité. Ainsi, on aimerait ressentir plus d'élan dans le quatrième mouvement de la Sonate en sol majeur ; on attendrait également davantage de fougue pour le thème initial de la première Klavierstücke et pour les deux couplets de la deuxième. Néanmoins, l'ensemble est bien réussi et ses attraits plairont de nombreux amateurs de piano.

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