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Une ouverture tapageuse pour le Festival Agora 2009

Placé sous le signe du croisement et de la divergence – y figurent, aux côtés de la création musicale, le cinéma de Lars von Trier et les tribulations de « Grand Magasin » – l'édition 2009 du Festival Agora débutait cette année à la Cité de la musique avec un concert de l' qui, d'emblée, donnait le ton de la manifestation ; en nous plongeant d'abord dans la sphère tumultueuse du compositeur colombien dont l'œuvre en création mondiale Trois Manifestes envisage la spatialisations de trois groupes instrumentaux assistés par l'électronique. Inspiré par un événement historique qui a secoué la Colombie en 1948 – le violent incendie de la ville de Bogotá – Rizo-Salom parvient avec beaucoup de maîtrise à juguler les forces qu'il déchaîne par l'efficacité de son écriture orchestrale et un recours très judicieux de l'électronique, sorte de porte-voix amplifiant le timbre instrumental. Au centre des « débats », le spectateur/auditeur, captif, reçoit par cascades sonores ces salves instrumentales rien moins qu'impressionnantes.

Les sentiers bifurquent également dans l'œuvre de à qui Agora rend un hommage appuyé durant tout le festival. Les six « opéras » du compositeur italien sont autant de chemins de traverse qui détournent le genre traditionnel pour tenter une nouvelle approche scénique : « il faut changer les rapports entre la scène et le parterre, entre l'auteur, les personnages et le public » déclarait Berio à l'occasion de la création de Passaggio – sous-titré « Mise en scène » ou « Messe en scène » selon la double traduction possible. Redonné ce soir sous la baguette impérieuse de , cet autre manifeste politique sur un sujet d'Edoardo Sanguineti – « le chemin de croix » d'une femme captive, humiliée, torturée – convoque une « anti-héroïne » Lei (elle) – immense – et deux personnages collectifs, un premier chœur, sur scène, soutenant la victime et le deuxième, persécuteur, dispersé dans la salle et lançant ses invectives. Si le ton semble un peu daté, la couleur, celle de Berio, à travers le traitement vocal et instrumental et cette façon si personnelle de « mettre ensemble des choses apparemment hétérogènes » ne laissent de nous attacher profondément et nous font adhérer pleinement à ce message d'humanité.

Crédit photographique : – DR

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