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Philippe Hurel et les dérives du Faune

Doit-on s'étonner que la flûte du Faune de Debussy – que d'aucuns considèrent comme le premier compositeur spectral du XXe siècle – ait fini par titiller le désir de même si le risque du plagiat l'avait jusque-là fait renoncer aux modèles du passé. S'il s'en approche de très près – l'œuvre est axée sur les deux cellules génératrices du thème debussyste – Phonus (2004) pour flûte et orchestre, sorti du laboratoire sonore du compositeur, fait naître, comme par germination, un univers aux contours authentiquement «hureliens», gorgé d'énergie pulsionnelle, où la fragilité et la sensualité premières sont soumises à l'épreuve de son geste pugnace. Sur fond spectral et sans rien perdre de sa plasticité, «la voix du faune» – prodigieux Benoît Fromanger – se plie aux dérives rythmiques et aux délires virtuoses du compositeur, dans une jubilation de timbre quasi hypnotique qui galvanise l'écoute. La captation live du concert d'Oslo ne pouvait mieux servir la fibre vivante du son de .

Cette vitalité sonore puisée aux sources du jazz et l'intensité des timbres qui projettent leur éclat s'exercent également dans le triptyque au titre quasi sportif de Figures libres (2001) dont la ferme conduite structurelle donne au propos toute sa pertinence. L'interprétation très engagée de à la tête de l' en souligne l'élégante cambrure.

Dans Quatre variations pour percussion et ensemble (1999-2000) qui referment cet album, Hurel s'attache à l'un de ses instruments de prédilection, le vibraphone. La rigueur formelle – pointée dans le titre – se pare d'un charme instrumental doublé d'une remarquable prise de son qui restitue pleinement l'espace polyphonique et la richesse des composantes du timbre.

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