Après une relativement décevante intégrale des concertos pour piano de Beethoven, le virtuose Evgueny Kissin offre deux des plus brillants concertos pour piano de Serge Prokofiev, partitions chéries des pianistes en parades. Si le musicien russe n'avait pas encore enregistré le Concerto pour piano n°2, il en est déjà à son troisième enregistrement du Concerto n°3 (après un essai de jeunesse chez RCA puis une belle version avec Claudio Abbado pour DGG).
Dans le Concerto n°3, on retrouve avec plaisir un Kissin conquérant et altier qui fait virevolter les notes et exploser son clavier. Malheureusement, l'orchestre est dans un mauvais jour et Vladimir Ashkenazy ne parvient pas à sortir les musiciens du brillant Philharmonia d'une rédhibitoire torpeur. Le Concerto n°2 est plus problématique, le chef et l'orchestre s'avèrent un peu moins endormis, mais ni Ashkenazy ni Kissin ne semblent avoir une idée précise de l'œuvre. Peu aidés par une prise de son avare en relief et en couleurs, les musiciens offrent une interprétation scrupuleuse mais trop policée.
Certes ce disque enregistré en concert n'est en rien indigne, mais de tels artistes et dans une telle discographie, on attend désormais la flamme et l'incandescence. Retour aux fondamentaux : Torazde (Philips), Janis (Mercury), Kapell (Chandos), Argerich (DGG)…