Chef d'œuvre de Josef Suk, la magnifique symphonie Asrael connaît un regain d'intérêt discographique : après Belohlavek (Chandos), Schneider (Acte Sud), Pesek (EMI), Petrenko (CPO) et en attendant Flor (Bis), l'inépuisable Vladimir Ashkenazy apporte sa vision de la partition.
Gendre de Dvořák, compositeur talentueux et violoniste de renom, Josef Suk reste un symphoniste majeur du courant « post-dvořákien » de l'école tchèque. Créée en 1907, Asrael est une partition à la tonalité tragique mais surtout autobiographique. Composée suite à la mort de Dvořák et de son épouse Otilia, la partition, en quatre mouvements, poursuit une sorte de mélange entre l'héritage mahlérien et les grandes fresques de Tchaïkovski (on pense à Manfred). Le ton tragique de la pièce, avec un second mouvement qui cite le Requiem de Dvořák, explore des couleurs et des contrastes à la limite de l'expressionisme. Asrael se voulait la première partie d'une « tétralogie de la vie » qui se poursuivit avec les poèmes symphoniques Conte d'été, Maturation et Epilogue.
La puissance de l'orchestration et la noirceur des teintes trouvent en Vladimir Ashkenazy un interprète de choix. Le chef refuse les effets faciles et démonstratifs et livre une interprétation équilibrée, cohérente et même exemplaire. L'orchestre finlandais, capté en concert, fait montre d'impact et de précision.
Cette belle version qui bénéficie d'une prise de son ample et riche en nuances s'affirme sur la première marche du podium discographique.