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David Zinman, érosion mahlérienne

Décevante lecture que ce septième volet de l'intégrale en cours de à la tête de «son» orchestre de Zurich chez RCA. Dès le premier mouvement, le chef montre les carences architecturales de sa vision de l'œuvre en ne faisant preuve d'aucune cohérence dans l'enchaînement des sections et sous-sections de cette forme sonate. S'il respecte les indications de tempo fournies par Mahler, Zinman les lit au pied de la lettre, tant et si bien que certains passages semblent tomber comme un cheveu sur la soupe. La clarté contrapuntique –si chère au cœur du compositeur- est absente et le rendu de cette partition complexe est parfois échevelé. On est également en droit de se demander pourquoi la prise de son renvoie les percussions si loin derrière le reste de l'orchestre alors qu'il serait agréable de pouvoir les entendre sans devoir tendre l'oreille.

Même déception en ce qui concerne le deuxième mouvement qui commence par un jeu de question/réponse entre les cors (Mahler note rufend/antwortend au-dessus de leurs portées respectives), dont les réponses sont littéralement inaudibles. Le cor est sensé les jouer avec sourdine (mit Dämpfer) mais Zinman l'envoie loin, très loin dans les coulisses. Les accents sont pour la plupart trop émoussés et le mouvement s'essouffle très vite. Dans la valse sauvage du Scherzo, Zinman «oublie» les ponctuations exagérées des temps faibles qui donnent tout son côté caricatural à cette danse de la mort… Le chef semble reprendre ses esprits dans la sérénade de la seconde Nachtmusik mais dirige un Finale aux effets très «téléphonés». Décidément, Zinman se place loin derrière le romantisme exacerbé de Bernstein I (Sony) et II (DG), la modernité d'Abbado III (DG) ou la précision de Boulez (DG), entre autres. Espérons que cette intégrale se terminera sous de meilleurs auspices car il faudra plus de clarté pour la Huitième et de sens architectural pour la Neuvième.

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