Vladimir Ashkenazy qui souffrit pendant un temps de problème d'arthrite est de retour pour un disque de musique française en compagnie de son fils Vovka. L'intelligent programme confronte Debussy et Ravel, dans un feu d'artifice qui propose virtuosité et musicalité mais aussi raretés et tubes. Le disque est aussi le révélateur d'une époque où les arrangements pour deux pianos étaient un moyen de diffuser et de découvrir les partitions contemporaines. L'alliance de deux claviers permettait de mieux rendre les détails de la plupart des partitions du tournant des XIXe et XXe siècle ; même si l'entreprise nécessitait un salon de grande dimension et des moyens financiers importants que seuls de riches mécènes pouvaient soutenir.
Du côté des raretés, il faut relever la transcription de Jeux de Claude Debussy réalisée par Jean-Eflam Bavouzet. Le pianiste français (auteur par ailleurs d'une remarquable intégrale de l'œuvre pour piano de Debussy chez Chandos) a brillamment relevé un défi abandonné par le compositeur. En effet, Debussy avait promis à son éditeur de réaliser une version pour deux pianos du ballet…Ce qu'il ne fit pas. La réalisation de Bavouzet préserve le raffinement des textures et la minutie du ballet. Les deux brefs Entre cloches et Lindaraja complètent ce panorama qui explose dans les tubes que sont La Valse et la Rapsodie espagnole.
Ashkenazy, père et fils, s'amusent et s'ébrouent avec joyeuseté dans ces partitions aux timbres éclatants.