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Norma au Liceu, héroïne tragique

Au sommet de la production italienne d'opéras romantiques, figure sans doute Norma, une tragédie «parfaite» où amour et mort se mélangent dans un sentiment unique de passion extrême.

L'héroïne de Bellini, moteur principal de l'action, n'agit en fait que sous l'effet d'un romantisme exaspéré où sensualité, amour filial et raison d'Etat se nouent, s'entrelacent et s'enchaînent avec un résultat dramatique. La mort dans laquelle le conflit de l'individu est définitivement résolu.

La mise en scène organisée sur la superposition de plusieurs plans verticaux mobiles est pensée jusque dans les moindres détails pour représenter la forêt sacrée des Druides où la lune est gardienne magique des événements. Le jeu de lumière, d'une grande importance, révèle et cache non seulement les personnages sur scène mais aussi les éléments clés de la dramaturgie et les sentiments des protagonistes.

L'ouverture de Norma, qui prépare au drame, est très bien jouée par l'orchestre quoique un peu plus rapide que d'habitude (comme d'ailleurs l'entière exécution de l'opéra). Les puissant accords initiaux plongent immédiatement dans le caractère solennel et mystérieux de l'opéra. La musique avec sa force expressive souligne son pouvoir d'illustration, recréant idéalement les sentiments «typiques» de l'esprit romantique : émotivité, errance, tristesse, désespoir, élan.

Le moment élégiaque par excellence reste le prélude de «Casta diva» qui rétablit entre autre un moment de profonde spiritualité et sérénité. La voix douce et légère de , son élégance et même sa beauté, s'emparent du chant ensorcelant avec une admirable suavité. Rejoignant le sublime, la cantatrice italienne se lance dans les nombreuses fioritures avec une précision extrême, faisant de sa voix un moyen de communication plus expressif que le verbe. Quoique le personnage de Norma, rôle fétiche de Maria Callas, demande une charge émotive et une capacité d'incarnation qui ne sont pas faciles à atteindre, la force d'expression dramatique de Cedolins intègre bien la déclamation tragique au bel canto, la majesté du personnage à sa douceur infinie. Egalement remarquables les interprétations vocales de dans le rôle de Pollione et de , mezzo-soprano au timbre très intense qui joue une Adalgisa passionnée.

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