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Requiem de Verdi par Pappano, rien de mieux que le concert en direct

En janvier dernier, notre collègue assistait en direct au concert donné par le chœur et l'orchestre de l'Académie Sainte-Cécile de Rome qui sous la direction d' offrait l'imposante Messa di Requiem de . Elle nous raconte l'émotion de cette soirée. Aujourd'hui, la captation discographique de cet événement paraît sous le label EMI. On écoute, prêts à vibrer comme notre collègue aux voix, à l'orchestre et au chœur réunis pour ce qui reste un rendez-vous parmi les plus extraordinaires de la musique sacrée mais…rien. Rien de ce qui est décrit dans le compte-rendu du concert ne transparaît dans cet enregistrement.

Et pourtant, les moyens mis en œuvre, tant au point de vue solistes qu'orchestraux, étaient à la mesure du gigantisme de l'œuvre verdienne. Mais alors ? Alors, les techniciens du son n'ont pas été à même d'enregistrer correctement cette masse musicale avec suffisamment de précision pour que le découpage des pupitres et des registres du chœur soit intelligible. Dans les tutti, chœurs et orchestre s'entrechoquent souvent un brouhaha musical dérangeant. Et dans les pianissimo, il faut tendre l'oreille pour capter la musique. Par exemple, les premières mesures du Requiem sont jouées dans un pianissimo si ténu que les enceintes les plus performantes n'émettent pratiquement aucun son. Obligé d'augmenter considérablement le volume (sans trop s'éloigner de l'amplificateur au risque de s'éclater les tympans au moment de l'explosion du Dies Irae !), le susurrement initial des violons est couvert par des bruits parasites de chaises, ou ceux d'un public peut-être encore inattentif à ce que le concert a déjà commencé.

Dans cette soupe musicale, le disque révèle des solistes qui, pour la plupart, ne semblent pas très inspirés, sinon investis dans la solennité, la spiritualité de l'œuvre de Verdi. Seul, «crève l'écran» avec une voix sans fard excessif mais d'une intériorité intense. Difficile de ne pas comparer cette nouvelle version du Requiem de Verdi avec ce que la discographie importante de l'œuvre a laissé à nos écoutes. Comme ses prédécesseurs illustres que sont Toscanini, de Sabata, Giulini ou Muti, la direction d' favorise heureusement l'italianité de la partition, la rangeant catégoriquement dans l'esprit de ses opéras. Il suffit d'entendre la mezzo-soprano dans le «Liber Scriptus» pour saisir que le discours est plus italien que latin, plus opéra que musique sacrée.

En résumé, alors que tout était mis en œuvre pour réussir un enregistrement du Requiem de Verdi qui pouvait faire date dans les annales discographiques, le voilà gâché par une certaine incompétence technique. Dommage. Mais, une fois de plus, il est démontré que rien ne vaut le concert en direct. Là, l'émotion est palpable. Reste que les atmosphères de profond silence, de recueillement, qu'on peut obtenir dans un studio d'enregistrement semblent mieux être à même d'apporter la spiritualité qu'on espère d'une partition comme celle du Requiem de Verdi. Certes, Arturo Toscanini enregistrait en public mais, c'était Toscanini !

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