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Bach à Saint-Louis en l’Île avec Benjamin Alard

Le jeune et brillant organiste se confronte ici à un monument. En dépit de leur apparente simplicité, les Sonates de Jean-Sébastien Bach comptent parmi les plus difficiles du répertoire. Chacune des trois voix doit pouvoir chanter de manière autonome par rapport aux deux autres ; chacune est individualisée au sein d'un contrepoint savant, créant une polyphonie riche et expressive. Comment parvient-il à se distinguer, après tant de versions de référence ? Il nous offre une version d'une austère élégance, rigoureuse, mais sans raideur. Son interprétation est plutôt cérébrale, mesurée, voire abstraite par moments. Les sonorités sont lisses, polies, aplanies, et le jeu impassible est pur de tout maniérisme. Les plages du disque se succèdent avec mesure et sérénité. est concentré, mais sans jamais devenir sec ; sévère, mais séduisant.

Les sections méditatives sont peut-être mieux rendues que les pages plus charnelles, ludiques ou émues. Les Andante prennent une teinte minimaliste, presque un peu désincarnée par moments. Le choix de registrations simples et peu contrastées contribue à cette égalité dans la palette de couleur et d'expressions. Les voix sont peu particularisées comme «individus», mais le jeu entre les trois parties reste clair, aéré et d'une grande lisibilité. Cette pondération des effets n'empêche pas la caractérisation de chaque passage. On apprécie la finesse avec laquelle il saisit le caractère propre de chaque mouvement, de la poésie à la désolation ou à la jubilation. La technique est impeccable, l'orgue possède de belles sonorités. Peut-être aurait-on aimé un je-ne-sais-quoi de folie ou d'extravagance, mais de manière générale, Benjamin Alard s'en tire avec honneur.

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