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Le requiem de Schubert

Vienne, cœur de l'automne 1828. est souffrant. Dans quelques jours, il succombera à sa maladie, à l'âge de 31 ans seulement. En attendant son heure, il compose le Requiem, son ultime chef-d'œuvre, dont il trouve l'inspiration en se remémorant les joies et les peines qui ont bercé sa si brève existence. Le Requiem de Schubert dites-vous ? Fabulation bien sûr !

Ce requiem imaginaire, on le doit à l'écrivain Pierre Charras qui, dans son roman Le requiem de Franz, laisse Schubert s'exprimer au présent, à la première personne. Sur son lit de mort, le compositeur évoque avec douleur ou nostalgie différents moments de sa vie – le traumatisme du Konvikt, la mort de sa chère maman, son amour pour la soprano Thérèse Grob, sa rencontre (fictive ou réelle ?) avec le grand Beethoven, les soirées musicales avec ses amis fidèles (Spaun, Vogl, Schober, Bauernfeld…). Un voyage dans la mémoire qui le met progressivement sur le chemin d'une musique nouvelle, la plus belle qui n'ait jamais entendue… Cette musique c'est la sienne, celle de son Requiem.

Kyrie, Confutatis, Lacrymosa… Les différents moments de la messe des morts servent de chapitres au livre, au long desquels le lecteur découvre la fragilité et l'humilité de la personnalité de Schubert qui, dans une sorte rétrospection psychanalytique, met son âme à nu.

Sur le plan historique, l'amateur de Schubert n'apprendra rien de nouveau à la lecture de ce roman, mais pourra méditer sur les égarements fantaisistes du romancier (Schubert fréquentait-il vraiment les prostituées ?). Ce n'est pas un roman à lire pour sa pertinence biographique, mais il est intéressant pour celui qui ne connaît pas encore Schubert et découvre sa nature introvertie par ce biais.

A vrai dire, les mélomanes se sentiront peut-être mal à l'aise par ce récit écrit à la première personne, dans un style littéraire étranger à Schubert. Car ils savent bien que la meilleure façon d'approcher et de connaître le «Petit Champignon», c'est d'écouter sa musique, tout simplement. Pierre Charras est un romancier, pas un musicien, et le fait de faire passer Schubert pour un poète littéraire est quelque peu déstabilisant. On saluera tout de même dans ce geste d'écrivain un bel hommage rendu au compositeur, et pour ne pas perdre de vue le Schubert véritable, on pourra toujours lire le roman aux sons du Voyage d'hiver ou de la Symphonie «Inachevée»

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