Après des Saisons exceptionnelles, René Jacobs s'attaque à l'autre oratorio de Joseph Haydn : La création. La lecture du chef belge est, comme toujours, très fouillée, avec un travail sur les contrastes et les dynamiques qui renforcent la dimension purement dramatique de ce chef d'œuvre. Se plaisant à ralentir ou accélérer certains passages, le musicien fait de la partition un monde de théâtre vivant.
René Jacobs peut compter sur une équipe qu'il connaît comme sa poche et qui a fait, à de multiples reprises, ses preuves : le Freiburger Barokorchester et le RIAS Kammerchor. L'orchestre allemand, fruité et chaleureux, offre un festival de couleurs et de nuances alors que le chœur berlinois (qui reste l'un des meilleurs chœurs du monde) présente une homogénéité et un sens du texte parfaits.
La distribution est solide et on aime les timbres de la soprano Julia Kleiter et du ténor Maximilian Schmitt. Le baryton Johannes Weisser est valeureux mais plus banal par sa voix et sa musicalité.
Ce coffret, fort esthétique et agrémenté d'un dvd « making off » bienvenu, s'affirme comme une interprétation moderne de haute facture avec celle de Nikolaus Harnoncourt (DHM pour sa seconde version). C'est en tous cas, bien plus intéressant, que la version décevante de William Christie (Virgin).