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Christian Tetzlaff et Lars Vogt, l’engagement nécessaire

Le répertoire pour violon et piano ne manque pas de chefs-d'œuvres, et le programme choisi par et en propose généreusement trois. Parmi les nombreuses sonates de Mozart, celle en la majeur représente le parfait équilibre de la forme. Schumann et Bartók, quant à eux, ont peu cultivé le genre, mais ils y ont concentré les plus hautes qualités de leur style.

L'interprétation est digne d'un tel programme : à chaque instant, les deux musiciens font la preuve d'une acuité musicale peu commune et d'une maîtrise absolue de la sonorité et de la couleur, en plus d'une cohésion indiscutable. Pointe sèche et ferveur du violon, rêveries et bourrasques du piano : la volonté d'exploiter chaque saute d'humeur dans la sonate de Schumann n'entrave heureusement pas la fluidité du discours. Après une telle réussite, la sonate de Mozart ne déçoit pas, malgré quelques accrocs dans les fusées du pianiste. Dans les deux mouvements rapides, le naturel du dialogue, l'attention portée au contrepoint forcent l'admiration, comme le pari de jouer le si bel Andante à un tempo vif : sans doute à cause de l'inoubliable enregistrement de Clara Haskil et Arthur Grumiaux, on a plutôt l'habitude d'entendre ce morceau pensé à la croche et comme suspendu. Ici, malgré une moindre pureté de la ligne, le mouvement avance sans perdre sa pudique beauté. Toute question d'authenticité mise à part, on ne peut que saluer un Mozart aussi vivant et aussi bien pensé.

s'est déjà illustré dans Bartók, notamment dans les sonates enregistrées avec Leif Ove Andsnes. Dès les premiers ondoiements du piano, on pressent que l'interprétation sera d'une clarté et d'une intensité exceptionnelles. Cette œuvre, d'un abord souvent abrupt, fait alterner la poésie nocturne et le déchaînement barbare, la plainte désolée et la danse discordante. et s'y appliquent tout entier et donnent ainsi à cette partition sa pleine puissance émotionnelle et son humanité profonde.

Crédit photographique : © Anthony Parmelee

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