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Un orgue symphonique à Saint-Thomas de Leipzig

L'orgue de tribune de l'église Saint-Thomas de Leipzig nous fait rêver depuis toujours. On l'associe logiquement à Johann Sebastian Bach, l'illustre cantor de ces murs. En effet ce mythe s'est perpétué depuis, par la représentation quasi systématique de son buffet sur toute les gravures évoquant Bach en ce lieu, montages réalisés de toutes pièces, puisque cet orgue fut construit bien plus tard, quasiment 150 ans après la disparition de Bach. Qu'importe il reste intimement lié à cet édifice, et son buffet demeure par ce fait l'un des plus connus au monde. Ceux de l'époque ayant disparu, on avait également construit un orgue moderne après la dernière guerre sur le côté du chœur, remplacé plus récemment par un nouvel instrument, de meilleure facture, complètement adapté à l'œuvre de Bach. Tout cela parait un peu compliqué, mais ce lieu bouillonne beaucoup musicalement, pour preuve l'orgue symphonique de 88 jeux construit entre 1889 et 1908 par le facteur Wilhelm Sauer.

De construction racée, cet instrument est un parfait modèle symphonique apte à traduire le répertoire des XIXe et XXe siècles. Le programme proposé ici fait appel aux écoles allemandes et françaises. est le grand symphoniste allemand du tournant de siècle : ses fantaisies sur des thèmes de chorals sont le sommet de son œuvre, le choix ici de l'une d'entre elles est judicieux. Liszt prend le relais ensuite avec ses fameuses variations reprenant le thème de désolation de la cantate BWV 12, de Bach. et son disciple se déploient avec aisance sur les couleurs de cet orgue, pourtant assez éloigné de l'esthétique française de nos Cavaillé-Coll. L'impression se confirme avec les Variations sur un noël de , qui permettent d'entendre de nombreux mélanges, notamment de jeux gambés et ondulants, de toute beauté.

La captation sonore de l'orgue le rend très présent surtout avec le système multi-canaux, et sans doute des micros assez rapprochés. Un peu plus de recul dans ce cas aurait aéré un tout petit peu cette grande masse orchestrale. Ceci étant , mondialement connu et reconnu dans le monde de l'orgue, titulaire de cet instrument, nous le fait entendre sous toutes ses facettes avec expérience et doigté. On en vient, comme au début, à rêver un récital Bach sur cet orgue, et surtout les grands préludes et fugues de la fin, composés à Leipzig, et qui préfigurent déjà très fort le romantisme qui naîtra quelque temps plus tard.

Chez nous, Cavaillé-Coll disait bien qu'il construisait l'orgue idéal pour la musique de Bach. Attendons sans doute, et nous l'espérons, d'autres volumes de cette collection qui nous l'offrirons.

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