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Diana Damrau, nouvelle Natalie Dessay ?

Après ses récents albums pour Orfeo et son premier essai chez Virgin Classics, la soprano allemande délivre une nouvelle démonstration de ses talents.

Après près de quatre ans d'absence des studios d'enregistrement, nous revient chargée de l'expérience acquise sur les scènes du monde entier pour nous offrir son album incontestablement le plus accompli de sa carrière. Sa voix s'est considérablement étoffée dans le registre médium et grave lui offrant ainsi une plus grande expressivité et des couleurs vocales sensiblement plus en accord avec les textes. Excellant dans la virtuosité, stupéfiant son monde dans l'aisance de son registre aigu, elle ne perd pour autant pas les harmoniques de la voix même dans les notes les plus stratosphériques.

Une nouvelle Natalie Dessay ? Si les aigus de pourraient en donner l'illusion, il faut bien admettre qu'elle ne possède pas la théâtralité débordante de la soprano française. Avec son extraordinaire contrôle de la voix, pourrait se laisser aisément aller aux excès de la folie théâtrale. Malheureusement, en trop bonne élève, elle demeure dans la sagesse extrême de l'étudiante zélée. Dommage. Reste que son énergie et son explosivité sont remarquables et qu'il est bien courageux de s'aventurer sur le terrain de l'encore magnifique Natalie Dessay quand bien même cette dernière n'a plus la voix de ses débuts.

Quoiqu'on pourrait penser qu'une voix aussi haut perchée n'aurait d'autre intérêt que d'en faire entendre les sonorités de cristal, il faut se rendre à l'évidence qu'outre sa démonstration pyrotechnique, Diana Damrau ne laisse que peu de choses au seul spectacle de sa seule voix. Elle dit le texte avec une prodigieuse sensibilité. Ainsi son «Caro nome» de Rigoletto est une admirable prière amoureuse, alors que l'esprit mutin de Rosine jaillit de son brillant «Una voce poco fa» du Barbier de Séville. Et quel superbe phrasé dans son «Ah, tardai troppo» de la Linda di Chamounix de Donizetti.

Peut-être est-ce dans ce domaine du belcanto qu'elle semble le plus à l'aise. Dommage que de nos jours, en dehors des sempiternelles reprises de Lucia di Lammermoor, le répertoire du belcanto reste le parent pauvre des théâtres lyriques. Avec Diana Damrau, le matériel est là. Il ne demande qu'à être employé. Faudra-t-il attendre que sa notoriété soit aussi grande que celle d'une Cecilia Bartoli pour qu'elle impose son répertoire aux théâtres lyriques ?

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