Le livre réunit dans un ensemble très poétique le poème de Mallarmé, des extraits d'écrits de Nijinski et de ses contemporaines accompagnés par des photographies du baron de Meyer et les gravures de Claire Lemay sur le ballet L'Après-midi d'un faune. Le tout dans une Variation de Dumais-Lvowski qui montre de façon irréprochable les sentiments contradictoires que ce ballet suscita à son époque dans le publique et dans ses protagonistes.
Profond connaisseur du chorégraphe Vaslav Nijinski, l'auteur en met en évidence son âme à la fois sombre et fragile, sa vivacité féroce et suave, son travail de création inédit et génial. Articulé dans une gestualité animale qu'on dirait inconsciente, le corps tout entier avec lui, se fait expression de l'esprit : univers alternatif où le signe dépasse la signification apparente.
Ce n'est donc pas le poème symphonique de Claude Debussy qui fait l'objet du travail de Dumais, mais le pouvoir de ce génie russe de le transformer en chef d'œuvre de l'histoire, non pas de la musique, des arts. Malgré la déception du compositeur français vis-à-vis d'une chorégraphie « atrocement en dissonance » avec la musique, les gestes géométriques du danseur, « sans grâce ni souplesse » sont encore aujourd'hui d'une modernité foudroyante. Le faune caractérisé par la plus délicate volupté passionnelle, est l'expression ardente de ses sentiments intimes les plus cachés. Cet aspect ambigu d'idéale beauté, l'interprétation légère et le regard charnel de Nijinski de haute valeur artistique, a contribué sans doute à l'immortalité de l'œuvre de Debussy. Car en fin des comptes le faune c'est lui.