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Sibelius, qualité suprême de l’édition BIS

La saga Sibelius due au label suédois BIS se poursuit avec ce huitième volume consacré à des œuvres orchestrales de l'illustre compositeur finlandais. Lorsqu'elle sera achevée avec ses treize coffrets, il ne fait aucun doute que cette admirable réalisation, prise dans sa globalité, fera date dans l'histoire de la musique enregistrée, d'autant qu'au niveau tant qualitatif que quantitatif, elle n'a aucun équivalent à ce jour, et elle ne risque pas d'en avoir dans un futur relativement proche. Le directeur de BIS Robert von Bahr réalise son rêve a priori insensé, celui d'enregistrer « chaque note que Sibelius ait jamais écrite ». Il peut en être fier.

Il n'est évidemment pas question de commenter chacune des nombreuses pages contenues dans ce coffret. Qu'il nous suffise de dire qu'à côté d'adorables miniatures où excelle Sibelius – notamment celles où il utilise un ensemble à cordes – on y trouve les deux versions du Concerto en ré mineur pour violon op. 47 joué par l'excellent violoniste Leonidas Kavakos, ainsi que d'autres pages essentielles rarement exécutées dans leur intégralité : la musique de scène complète de Karelia JS 115 et les Musiques pour les Célébrations de la Presse JS 137. Le label finlandais ONDINE nous avait déjà fait connaître ces deux œuvres dans une publication en première mondiale des plus remarquables (ODE913-2), et dans son enregistrement de Karelia JS 115, la partition a été restaurée par Jouni Kaipainen, tandis que pour cette production BIS, c'est l'excellent compositeur Kalevi Aho qui en a assuré la reconstruction. On peut valablement hésiter entre les deux versions pour d'infimes détails ne concernant d'ailleurs que la restauration du texte musical, ONDINE bénéficiant de l' en toute grande forme sous la baguette de , et, tout comme BIS, d'une prise de son superlative. D'un autre côté, à ce niveau d'excellence des deux versions, on ne peut évidemment mettre en doute l'exceptionnelle qualité de l' et de son magnifique chef .

En ce qui concerne la musique de scène Karelia (1893) écrite pour accompagner une série de tableaux historiques, hormis les trois pièces de la suite et, dans une moindre mesure, l'ouverture, rien n'était vraiment connu de cette musique. Le fait d'avoir réintégré les pages célèbres dans le contexte de celles qui ne le sont pas, en renforce d'autant plus l'impact des unes par rapport aux autres. Le sentiment de légende est très marqué, tout comme il l'est dans le Ring de Wagner, avec bien sûr le côté patriotique finlandais en plus. L'interprétation d' est exaltée, vigoureuse et vivante, et peut se montrer tendre et lyrique quand il le faut.

Dans les Musiques pour les Célébrations de la Presse (1899), on sent même plus fortement ce côté patriotique finlandais : il ne faut pas oublier qu'au moment de la composition la Finlande était en lutte contre la domination russe, et dans la musique on perçoit la colère et la révolte du peuple finlandais, puissamment symbolisées par le Tableau 6 final qui n'est autre que la version originale de Finlandia, dont la principale différence avec la version connue se situe dans la coda de la pièce. On y trouve également au Tableau 3 ce qui deviendra le célèbre Festivo–Boléro, et, en fait, Sibelius a repris une bonne partie de cette musique (sauf Finlandia qui est devenu autonome) dans ses Scènes Historiques n°1. Ici encore il convient de louer l'extrême beauté de l'interprétation engagée et virile de , qui parvient à faire passer à l'auditeur ce sentiment de révolte bien compréhensible.

La prise de son est superlative et vous offre l' ainsi que l' – acteurs essentiels de l'édition BIS – dans votre salon d'écoute comme si vous étiez au concert. Il devient banal de souligner la réussite exceptionnelle des productions BIS, mais pourtant ici, on ne peut que la confirmer et y applaudir.

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