On retrouve dans cette Valses de Vienne des noms d'autres productions de l'opéra-Théâtre d'Avignon.
Le chef Didier Benetti a déjà dirigé, et Jacques Duparc déjà mis en scène, l'Auberge du Cheval Blanc et le Chanteur de Mexico ; Eric Belaud a déjà chorégraphié, outre le Chanteur, le Pays du Sourire et la Belle Hélène ; Noël Lemaître a déjà caressé de ses lumières, outre le Chanteur, le Nouvel An 2009 et Les Contes d'Hoffman. Quant aux solistes, le Chanteur a déjà accueilli, en rôle-titre, Mathieu Abelli ; le Chanteur et Véronique, Pauline Courtin et Catherine Dune ; l‘Auberge, elle, Raphaël Brémard (également dans Les Contes d'Hoffmann), Ludovic Crombé et Jean-Claude Calon ; la Belle Hélène, Philippe Ermelier.
C'est dire si l'on se sent en pays de connaissance, comme en famille. L'occasion de partager une bouteille de champagne… Et puisque tous les airs entendus sur scène nous sont familiers, la fête est complète. Les bulles pétillent, on se sent un peu étourdis, et, quelque léger et agréable que soit l'instant présent, il n'est pas certain que le souvenir en demeure impérissable.
Et pourtant si ! Resteront assurément dans nos mémoires le joli timbre cristallin de la délicieuse Pauline Courtin (Rési), la palette chaleureuse et la virile prestance de Mathieu Abelli (Strauss fils), la réussite de Catherine Dune (comtesse Olga) dans le rôle d'excentrique auquel elle est cantonnée, l'ir-ré-sis-ti-ble Jean-Claude Calon (un Prince Gogol désopilant), le jubilatoire Raphaël Brémard (Léopold, nouveau Trissotin), et René Camoin (Strauss père), sociétaire de la Comédie-Française, que nous avons applaudi bien des fois dans des pièces en costume-perruque du Festival de théâtre d'Avignon. Oui, tous ces talents, et les valses étourdissantes, sauveront définitivement cette œuvre de l'indigence du livret, simple prétexte pour réunir les plus belles pages viennoises des Strauss père et fils, et recette assurée pour le programmateur.
Et aussi, soyons honnêtes, sous l'apparente légèreté de l'ensemble, nous nous serons émus de cette douloureuse quête d'identité d'un fils face à l'écrasante célébrité de son père, les deux acteurs assumant une charge émotionnelle toute en sobriété et en élégante retenue.
Et surtout, surtout, surtout, restera, dans un tourbillon à trois temps, cet intemporel «Danube bleu», que Mathieu Abelli ne se lasse pas de reprendre et de reprendre encore, et de faire encore pétiller et de nous faire savourer jusqu'à la dernière bulle !