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Delius, vue sur chambre

L’art de Delius atteint la quintessence de la poésie dans les formes courtes et orchestrales évoquant la nature, et il est mystérieux que des pièces enchanteresses comme On Hearing the First Cuckoo in Spring, In a Summer Garden, Over the Hills and Far Away ne soient jamais présentées au public en concert. ResMusica le regrettait déjà en 2001 à l’occasion de la sortie d’un excellent double CD d’œuvres orchestrales par Beecham chez EMI

Les pièces de chambre de Delius sont peu prisées en comparaison, et le disque Naxos des Sonates pour violon a l’avantage de proposer l’intégrale des quatre sonates sur un seul disque. Après une Sonate en si majeur composée à l’âge de 30 ans, reniée par le compositeur, et dont le caractère bavard peine effectivement à retenir l’attention (1892, 26’), Delius commencera les deux premiers mouvements de sa première sonate en 1905 avant d’attendre dix ans pour composer le dernier mouvement en 1915. Le troisième essai fut le bon. La Sonate n°2 de 1923, deux fois plus courte que la précédente car elle ne dure que 11 minutes, est la plus lyriquement charmeuse et pour cette raison la plus «délienne». Elle requit l’assistance de Jelka, la femme de Delius, alors que celui-ci commençait à perdre la vue, ravagé par la syphilis. Relativement moins aboutie que la précédente, l’ultime sonate de 1930 vit le jour grâce à Eric Fenby, qui fut son secrétaire à partir de 1928, alors que le compositeur était aveugle et paralysé.

Selon toute apparence, l’enregistrement de la violoniste Susanne Stanzeleit accompagnée de Gustáv Fenyő est publié pour la première fois bien que datant de… 1994. S’il permet aux «intégralistes» de se procurer la rare Sonate en si majeur de jeunesse, l’interprétation manque d’épaisseur et de chaleur en comparaison de Ralph Holmes (Unicorn) et Yehudi Menuhin (EMI) tous deux accompagnés par un Eric Fenby de référence. C’est bien vers ces deux versions qu’il faut se tourner pour découvrir cette face méconnue de la musique de Delius.

Ceux qui ne connaissent pas encore Delius s’initieront par le double CD EMI déjà mentionné, et pourront sans crainte acquérir les superbes enregistrements d’avant-guerre de Beecham (Naxos). Les réfractaires aux enregistrements historiques se tourneront vers David Llyod-Jones, chez Naxos également, qui a réussi à trouver l’équilibre si difficile de la tension et de la délicatesse évocatrice. Un peu plus difficiles à se procurer, les Delius de Charles Mackerras chez Decca (Brig Fair, North Country Sketches…) et Argo (le bel opéra A Village Romeo and Juliet, et Sea Drift avec un Thomas Hampson inégalé) sont à thésauriser.

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