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Bryn Terfel carrément méchant !

La trogne galloise de , en gros plan, nous fixe d'un regard mauvais sur la pochette, et effectivement, on n'aimerait pas le croiser le soir au coin d'un couloir de métro désert !

C'est que le nouveau récital du baryton-basse est consacré aux bad boys, aux mauvais garçons des scènes lyriques du XIX° et XX° siècles. De ces vilains qu'on adore haïr à l'opéra : Scarpia, Iago, Pizarro, de ces méchants absolus, comme les Méphistophélès de Gounod ou de Boito, ou encore de ces canailles pour lesquelles on ne peut s'empêcher d'avoir de l'affection : Dulcamarra, Basilio, Sportin'Life… Le répertoire de la méchanceté est vaste, et n'hésite pas à mélanger les styles et les époques, passant de Ponchielli à Kurt Weill, de Weber à Stephen Sondheim, de Mozart à Arthur Sullivan, et convoque même Claude-Michel Schönberg pour un extrait de la comédie musicale Les misérables, chanté en anglais (doit-on préciser que dans ce cas, la musique ne nous semble vraiment pas du même niveau ?)

Le trio de méchant qui clôture le récital est un véritable tour de force. Le chanteur choisit de revenir au XVIII° siècle et au divin Mozart, et d'interpréter à lui seul les rôles du Commandeur, de Leporello et du libertin dans la scène finale de Don Giovanni. Prouesse technique bien sûr, mais également exploit interprétatif, car aucun des trois ne semble posséder la même voix, et l'on ressent les différences de caractère et de motivation de chacun d'entre eux.

est un immense interprète, et il le prouve une fois encore. Son timbre, son talent de diseur, son abattage font de nouveau merveille. Mais c'est aussi une bête de scène, et le studio ne peut pas capter tout son tempérament. Voici donc un très beau CD, stylé, sans aucune faute de goût, qu'on remettra souvent sur la platine, avec un gros coup de cœur pour tout ce qui ressort du musical, tels que Porgy and Bess, Die Dreigroschenoper ou Sweeney Todd (avec, cerise sur le gâteau, la truculente participation d'Anne Sofie Von Otter). Mais on l'aurait préféré un tout petit peu moins lisse, eut égard au sujet choisi. C'est probablement être trop gourmand. L'impression de sagesse est également due à la direction de à la tête du Swedisch Radio Symphony Orchestra, tellement au service de l'interprète qu'il en perd son identité.

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