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Intégrale pour clavier de Julius Reubke, génial élève de Liszt

L'œuvre pour clavier de est déjà connue des discophiles, puisque Jean Guillou lui avait consacré un CD complet chez Dorian en 1987.

Nous découvrions alors aux côtés de sa sonate pour orgue déjà très enregistrée (plus de 120 versions !), une sonate pour le piano de tout premier plan, magnifiquement interprétée, par un inhabituel Jean Guillou pianiste.

La présente parution nous offre en plus quelques bonus, dont deux pièces pour le piano, compléments indispensables à la connaissance de l'art de cet élève de Liszt, et deux courtes pièces pour orgue dont un adagio en mi mineur, ici enregistré en première mondiale. Les deux sonates sont cependant les œuvres maitresses de cet auteur allemand cruellement décédé de la tuberculose à l'âge de 24 ans seulement. Présenté à Liszt par Hans de Bülow, Reubke deviendra son élève à Weimar pendant deux ans. Analogiquement on retrouve comme chez son maître, deux grandes fresques, une sonate pour le piano, dont le plan peut se rapprocher de celui de la sonate en si mineur de Liszt, et la sonate sur le psaume 94, conçue comme les grandes variations pour orgue sur «Ad nos», du même Liszt. Témoignages du romantisme allemand dans toute sa splendeur, ces deux grandes fresques se livrent complètement ici, grâce à des interprétations de haut niveau.

La sonate pour piano qui s'étend sur plus de 30 minutes doit beaucoup à l'influence de Liszt, mais aussi de Wagner, le pianiste sachant mettre en valeur un discours parfois sombre, voire solennel. Pour l'orgue, l'effet est total, par le choix de l'instrument gigantesque de Schwerin, contemporain de l'auteur, ici complètement maitrisé par  : d'énormes machines construites à Meserburg ou à Schwerin par le facteur Ladegast, idéales pour traduire la complexité et les climats d'un langage musical symphonique et instrumentalement orchestral. L'orgue de Schwerin (85 jeux sur 4 claviers/pédalier) datant de 1871, est une merveille miraculeusement conservée, dotée d'une dynamique hors du commun, entre le son le plus doux, quasiment inaudible, et un «tutti» tellurique. Le maniement d'un tel instrument par est confondant de perfection, techniquement et musicalement, et soutenu par une prise de son intelligemment étagée.

Grâce à cette parution, l'amateur pourra se faire une idée juste, judicieusement replacée dans son contexte, d'une musique encore aujourd'hui trop méconnue, et pourtant de la meilleure veine du romantisme allemand.

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