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Hommage à Sviatoslav Knushevitsky

Outre les rééditions des bandes abandonnées par les majors, Brilliant poursuit avec talent l'exploration des archives oubliées de l'époque soviétique. À ce titre, il faut saluer bien bas, l'initiative du label de consacrer un volume au grand violoncelliste (1908-1963). Ce projet éditorial est d'autant plus intéressant que Brilliant édite, simultanément, un coffret consacré au trio que l'artiste composait avec et au piano (excusez du peu !). La disparition précoce de l'artiste, en 1963, mit fin à cette belle aventure humaine et artistique.

Natif de Petrovsky aux limites sud de la Russie, le musicien fut primé, la même année qu'Emil Gilels de la compétition soviétique des jeunes musiciens (cru 1933). Il fut membre de l'orchestre du Bolchoï où il occupa les fonctions de chef de pupitre de 1929 à 1943. Professeur, dès 1942, au Conservatoire de Moscou il prit part au jury du second prix Tchaïkovski pour violoncelle aux côtés de ses illustres confrères : Mstislav Rostropovitch, Gaspar Cassadó, Gregor Piatigorsky et Daniil Shafran. Le violoncelliste fut aussi le créateur de concertos écrits par : , , Nikolaï Miaskovski et Sergei Vasilenko tout en enregistrant, en première mondiale, la version originale des Variations Rococo de Tchaïkovski. Une attaque cardiaque emporta l'artiste à l'âge de cinquante-cinq ans. Peu présent en dehors de l'URSS, à l'exception de quelques apparitions au festival Casals de Porto-Rico et d'un enregistrement à Londres du Triple concerto de Beethoven (disque EMI sous la direction de Malcom Sargent avec le trio Oistrakh), le musicien est resté en marge des courants médiatiques mondiaux.

Si certains considèrent l'école russe comme très lyrique et avec des effets «cœur sur la main», ils doivent passer leur chemin. Le style de vise au contraire à un contrôle total des émotions allié à une conception noble, voir même aristocratique de la musique. L'intelligence musicale de l'artiste lui permet de se fondre avec humilité, mais avec musicalité, dans les ensembles chambristes et dans ses duos de sonate. Formé à l'école symphonique, le violoncelliste est assurément un artiste complet qui ne sur-joue jamais, mais qui sait trouver la justesse dans le style et les effets. On admire ainsi un concerto n°1 de au port de tête altier, conquérant et raffiné, des Variations Rococo de Tchaïkovski menée avec intimité et surtout un sextuor de Borodine cerné avec une élégance racée et une subtilité dans le dosage des nuances.

Du très grand art assurément au service de la musique !

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