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Boulez face à lui-même avec le Chicago Symphony Orchestra

Les hommages discographiques à l'occasion des 85 ans de auront été presque réduit à néant. Alors que les précédents anniversaires du sage de Montbrison avaient été célébrés avec fastes via des flots de nouveautés ou de rééditions et des tournées d'hommage, le mois de mars dernier n'a été marqué que de cette parution en provenance de ses fidèles amis de l'Orchestre de Chicago où le vénérable chef dirige, chaque année, depuis 1969 !

L'orchestre de Chigago, qui avait déjà, édité un coffret hommage au chef français avec des raretés comme de Richard Strauss et du Léos Janacek (Coffret disponible uniquement auprès de l'orchestre), nous offre, cette année, que du très connu avec un programme 100 % Stravinsky que le chef a précédemment enregistré de manière officielle chez DGG ou Erato.

La direction de Boulez, ne change pas au fil des années et privilégie, comme toujours, la clarté, la netteté des contrastes et la logique sur tout autre aspect émotionnel. Dans la Symphonie en trois mouvements. On admire ainsi la beauté des timbres, la précision des pupitres (c'est Chicago quand même !) soumis ici à une radiographie. Pourtant, on regrette un peu le manque d'élan et du pulsion que peuvent y influer un Salonen (Sony), un Rattle (EMI ou Medici), un Gibson (Chandos) ou un Ansermet (Decca).

Dans les Quatre études pour orchestre que a déjà gravé à deux reprises : lors de ses jeunes années avec l'Orchestre National de France en complément de sa première lecture du Sacre du printemps (disque Adès) et, en 1992, en complément de l'Oiseau de feu (DGG) avec déjà les forces symphoniques de Chicago. Boulez est sans rivaux dans ces miniatures fignolées avec une débauche d'énergie et de couleurs transcendées par un sens chorégraphique rigoureux.

Dans l'intéressant entretien proposé en introduction, affirme son admiration pour Pulcinella qui «est une œuvre que j'aime, diriger, parce que c'est comme un jouet entre les mains». Mais le chef français s'amuse plus à monter un mécano intellectuel qu'à se déguiser de façon commedia dell'arte avec une frénésie de couleurs. Tout est tiré au cordeau, dans cette lecture ultra-précise et à la beauté plus froide que multicolore mais menée avec un sens incroyable des tempi et des dynamiques. On préfère, à cette lecture, la première version du chef avec la National de France (Erato), plus bourrue et moins lissée, sans oublier l'immense réussite d'un Salonen (Sony).

Un disque d'hommage, toujours intéressant, mais qui semble s'adresser aux admirateurs fidèles du chef.

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