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Hommage à Kurt Masur par l’Orchestre National de France

Le hasard des parutions et les choix éditoriaux laissent trop souvent le spectateur pantois ! Longtemps considérée comme un étalon des orchestres aux débuts de l'ère numérique, la Symphonie alpestre de connaît, depuis un an, un regain d'intérêt auprès des labels après quelques années d'oubli.

Après Mariss Jansons (RCO Live), Bernard Haitink (LSO Live) nous découvrons et Philippe Jordan (Naïve). Ces deux derniers sont à la tête d'orchestres parisiens (le National de France pour le vétéran allemand et l'Orchestre de l'opéra de Paris pour le fils d'Armin Jordan) ! Ce point nous laisse perplexe devant les options discographiques des décideurs parisiens ! Alors que l'orchestre d'Islande boucle pour Chandos une intégrale majeure des œuvres symphoniques de Vincent d'Indy, les orchestres de la capitale éditent au disque, la même partition d'un compositeur allemand !

Cela étant, en faisant abstraction de ces considérations, cette parution est d'un très haut niveau artistique et rend hommage au travail laborieux et patient du vénérable chef allemand à la tête de la formation radiophonique nationale. Cette partition soumet, c'est peu dire, au scanner l'orchestre autant dans ses solistes que dans sa cohésion globale. Les musiciens relèvent ici fièrement et crânement le défi, avec panache et brio même si les cordes n'ont pas le galbe et le soyeux de Dresde, Berlin, Amsterdam ou Vienne. Il n'empêche, capté en novembre 2007, l' assurait son rang et faisait honneur au prestige de son histoire.

Du côté du chef, on assiste à une promenade alpestre guidée par un amoureux des lieux qui prend son temps à faire admirer le paysage, ses recoins ensoleillés et ses tumultueux passages. Les admirateurs de leçon de direction ou d'ascension à grande vitesse façon Mitropoulos (Orfeo) ou encore Mravinsky (Melodiya) en seront pour leurs frais. Mais la compétence du chef, qui parvient à faire exploser les tutti et à ciseler les soli, impose une belle version moderne.

Ce témoignage mérite donc l'oreille pour le brio de l'orchestre et pour le travail du chef en considérant que la discographie est bardée de références de Rudolf Kempe (EMI) en passant par Karajan (en vidéo chez Sony) ou encore Metha (Sony) sans oublier le récent Haitink (LSO live). Par ailleurs, le chiche minutage de la galette risque d'être un argument négatif pour les acheteurs en quête d'un disque bien remplit. En conclusion, le commentateur salue ce disque mais conseille vivement aux édiles de Radio-France d'aller dans les archives et d'éditer d'autres concerts de dont un Psyché de César Franck qui attend son tour !

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