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Portrait dansé de Jan Fabre

Une longue danseuse lit (mal) la lettre qu'un homme – son fiancé – lui a adressée avant de se suicider. Lecture alanguie, dilettante, coquette, sans intérêt. Le réveil est brutal pour la jeune femme, dont la danse devient épileptique. La danse est sauvage, sincère éruptive.

Ses longues jambes font office de pont, sa bouche fait office de tunnel pour les trains électriques qui serpentent autour de terrils de charbon. N'oublions pas que , metteur en scène, chorégraphe, est aussi et surtout plasticien, comme le prouve cette installation scénique offrant un audacieux contraste entre l'univers de la mine et les cages à oiseau suspendues à des cintres. Saisissant à pleines mains le charbon et la suie, la danseuse s'en recouvre en éructant le torse et le visage. Mais c'est quand elle chante le blues de Tallahatchee Bridge dans la chanson « Ode to Billy Joe », composée en 1967 par Bobby Gentry, que l'interprète est la plus authentique. On l'imagine alors se balançant avec nonchalance dans un fauteuil à bascule sous une véranda de bois, avec vue sur le Mississipi.

Crédit photographique : © Malou Swinnen

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