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L’orgue de Cabezón : Suavité et singularité

Déjà remarqué lors d'un précédent album consacré à Correa de Arauxo, nous revient en cette année Cabezón, amenant sa pierre et ses approches d'une musique qui n'a pas fini de nous surprendre.

Le programme s'articule autour de quelques pièces habituellement entendues (Dic nobis Maria, Tiento sobre Pange lingua, Doulce memoriae), auxquelles vont s'ajouter quelques autres quasiment inédites, que nous découvrons ici avec bonheur. Une nouvelle fois le jeu de est d'une subtilité rare, d'un ton juste, offrant une lecture renouvelée de ces textes anciens, souvent difficiles à traduire. Le choix de l'orgue aussi, certes plus tardif, mais dans une belle esthétique hispano-flamande, se prête admirablement aux joutes musicales proposées par le vieil organiste castillan, promu au rang de maitre de chapelle du roi Philippe II. La pâte sonore privilégie la polyphonie, avec une «tiercelette» qui se mêle au plein jeu telle une petite anche, à la place de quelques chamades anachroniques, souvent présentes dans les disques consacrés à cet auteur, et trop fortes pour traduire les mystères de sa musique.

En cette année 2010, l'hommage discographique à Cabezón se développe peu à peu, à l'orgue, au clavecin, un site internet fête dignement ce 500ème anniversaire en rassemblant divers documents (partitions, fac-simile, et récoltes d'enregistrements d'organistes du monde entier). Un colloque Cabezón se tiendra en octobre 2010 à Almeria (Andalousie).

Pour l'heure, l'éditeur ibérique Lindoro propose courageusement quelques pans de la musique d'orgue espagnole, sous les doigts experts de , constituant déjà une collection de tout premier ordre. Cela mérite des encouragements, dans l'attente impatiente de prochains albums.

Arrêtons nous quelques instants sur la pièce qui termine ce récital : Dulce memoriae, d'après Sandrin, et glosée (c'est-à-dire variée) par Hernando de Cabezón, en hommage à son père Antonio. Il s'agit là d'un émouvant échange entre le fils qui se lamente du départ de son père, et ce dernier qui semble le réconforter du haut du ciel, dans un troublant dialogue des âmes.

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