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Pluie d’étoiles au gala du Ballet de Novossibirsk

Le ne s'était pas produit en France depuis 1967. Pour la première soirée de ce nouveau séjour parisien, il rend un hommage exceptionnel aux grands chorégraphes russes ou ayant travaillé en Russie.

Cette soirée de gala démarre avec Chopiniana, un ballet de en hommage à la Sylphide que Filippo Taglioni créa pour sa fille Marie en 1832. C'est l'école russe dans toute sa splendeur ! Visages graves et airs pénétrés, les danseuses livrent la quintessence du ballet blanc, très dépaysant malgré l'absence de décor. Remarquable travail des bras, inflexions des coudes et des poignets, tout est « vintage » à souhait, à la limite de la naphtaline. Sourcils froncés, air pincé, l'interprétation de certaines solistes est exagérément dramatique. Si l'ensemble du ballet suit un rythme lent et empesé, c'est dans le final, plus rapide, que l'on s'aperçoit du potentiel de vivacité de la compagnie russe.

Soirée de gala oblige, les spectateurs du Théâtre du Châtelet ont ensuite le droit à un festival de variations et de pas de deux, interprétés par des solistes des plus grandes compagnies mondiales. A tout seigneur, tout honneur, c'est avec la virilité musclée d', que la première place est donnée. Dans le pas de deux du Corsaire de Petipa, il fait preuve d'amplitude et de puissance face à , sa partenaire venue du Staatsoper de Berlin, d'une élégante maîtrise. A 41ans, le directeur du se révèle encore capable de faire les sauts et les tours en l'air de cette redoutable variation. Le sourire en prime !

Elena Lytkina et Ivan Kutznetsov, solistes du , lui succèdent dans Carnaval de Venise, un pas de deux de . Lui est un peu terne, mais a du rebond et sait terminer ses tours à la seconde. Elle a de belles jambes longues, plus convaincantes dans la vitesse, les sauts et les tours, impeccables. Place ensuite à , Premier Danseur du Ballet de l'Opéra National de Paris. Son interprétation moderne et brillante du solo du Tricorne, signé Leonide Massine, peut-être moins typée que celle de , est cependant épique. Il en perd un talon dans son grand écart…

Espiègle Tarentella de par Ashley Bouder et Daniel Ulbricht, deux danseurs new-yorkais du New York City Ballet. Elle, piquante, et lui, petit et râblé se lance dans un saisissant manège, le tout dans une décontraction digne de Broadway, haussement d'épaules inclus. Fallait-il en revanche choisir le pas de deux de Cendrillon pour représenter Noureev au sein de ce programme de chorégraphes russes ou ayant travaillé en Russie ? Ses relectures de Casse-Noisette ou de La Bayadère étaient plus significatives de son style complexe et brillant, que cette transposition dans le Hollywood des années 30 de l'histoire de Cendrillon. et , les deux danseurs du Ballet de l'Opéra National de Paris choisis pour ce duo sont néanmoins totalement à l'unisson.

Suite de cette pluie d'étoiles avec deux jeunes élégants danseurs du Théâtre Mariinski de Saint-Petersbourg, et dans Tchaïkovski, pas de deux de Balanchine. Elévation et éclat pour lui, un danseur à suivre… Technique parfaite pour elle, aux longs bras déliés. Fine, elle manque cependant un peu de piquant pour être tout à fait dans le style de Mister B. Ce gala dans le gala s'achève enfin avec un pas de deux extrait de Flammes de Paris, un ballet soviétique des années 30 évoquant la Révolution Française. Elena Lytkina, pétillante et très mobile, met en valeur son partenaire, Ivan Vassiliev, du Ballet du Bolchoï, une véritable force de la nature ! Malgré un physique quelque peu disproportionné, il est d'une impressionnante puissance toute martiale.

La soirée n'est toutefois pas terminée… Le Ballet de Novossibirsk a en effet tenu à montrer l'étendue de son répertoire, du ballet romantique aux danses de caractère. Les Danses Polovtsiennes signées sur des extraits de l'opéra de Borodine Le Prince Igor. A la mode orientale, il enchaîne les danses d'exaltation entres attitudes guerrières et déhanchements lascifs. Un répertoire aujourd'hui un peu kitsch dans lequel la compagnie semble parfaitement à l'aise.

Crédits photographiques : et , du Mariinski de Saint-Petersbourg, dans Tchaikovski, pas de deux © DR

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