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Andris Nelsons : la passe Stravinsky !

Jeune démiurge des podiums, est l'une des baguettes que l'on s'arrache ! Directeur musical de l'orchestre de Birmingham, l'artiste fait, cet été, ses débuts à Bayreuth dans Lohengrin alors qu'il est l'invité des orchestres les plus cotés ! C'est un beau CV, pour un chef juste trentenaire.

Du côté de Birmingham, on espère certainement retrouver l'énergie et les opportunités internationales et le rayonnement de l'époque Rattle. Après l'éphémère épisode Sakari Oramo, la direction de l'orchestre anglais semble avoir mis le grappin sur un chef d'exception. Sous contrat avec le label allemand Orfeo, il multiplie les disques et après une très décevante symphonie n°5 de Tchaïkovski, il se lance dans un album et réussit une prestation qui tient de la perfection absolue.

Dans l'Oiseau de feu, la direction du chef combine une radiographie orchestrale, un contrôle du discours et des effets et une mise en perspective très «rimskienne» de la partition. Capté dans sa salle de concert, certifiée par le cabinet d'acoustique ARTEC, l'orchestre de Birmingham fait briller ses timbres et sert au chef un écrin alternant richesse des sonorités et précision des pupitres. Les épisodes lents sont cernés avec toute la délicatesse requise et les passages dynamiques explosent avec efficacité. La battue du chef est allante, plus narrative que chorégraphique mais impose une évidence musicale que peu de chefs ont atteint. Dans cette optique, on ne voit gère qu'Antal Dorati (Mercury) et Christoph von Dohnanyí à Prague et Vienne (Praga et Decca) pour se hisser au niveau du jeune musicien.

La Symphonie de Psaumes évolue un tout petit cran en dessous. Le chef ne prend pas de gants avec les tempi et emmène, chœur et orchestre, à bon rythme. Sa battue très nerveuse fait claquer les mouvements d'introduction et de conclusion. Seul, le «Expectans expectavi Dominum» central manque d'un zest d'abandon et de mysticisme. Le chœur de Birmingham ne démérite pas dans une discographie marquée par les plus grands chœurs du monde. Les versions Stravinsky (Sony), Tilson-Thomas (Sony) et Boulez (DGG) restent des sommets de la discographie.

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