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Yannick Nézet-Seguin triomphe à l’Albert Hall

BBC Proms

Institution centenaire (l'édition 2010 est la 116éme série de concerts estivaux), les Proms restent toujours un événement ! Outre le prestige des affiches, le Royal Albert Hall, siège historique de ces concerts, ne cesse d'impressionner par ses dimensions, son acoustique et par le calme et la concentration des 5500 personnes qui assistent, chaque soir d'été, aux concerts. Toutes les générations se mêlent pour faire la fête aux musiciens et aux orchestres, essentiellement britanniques qui se succèdent sur la scène.

Ainsi les célébrations Mahler étaient l'occasion d'entendre dans le cycle des Rückert-Lieder. En régional de l'étape, le baryton londonien était très attendu par un public et par des commentateurs qui le considèrent désormais comme «le» plus grand chanteur des îles britanniques. Force est de constater qu'ils n'ont pas tort ! La beauté intrinsèque de la voix, à la fois juvénile mais marquée par des teintes matures et la palette des nuances permettent au chanteur d'incarner l'esprit résigné et nostalgique de la musique de Mahler. L'expérience du liederabend dont il est un grand interprète, lui sert pour coller à l'esprit et au texte de ce cycle, sans jamais forcer mais avec un pouvoir émotionnel unique. On ne voit gère que Christian Gerhaher, le baryton allemand, pour aller aussi loin dans le vécu mahlérien.

Mais l'attention était portée sur l' qui faisait ses débuts aux Proms sous la baguette de son jeune chef Yannick Nézet-Seguin. Ces colonnes se sont déjà faîtes l'écho de l'excellence de ce tandem et leur disque Ravel (EMI) a été primé d'une clef de l'année 2010. A l'écoute de ce concert, on est frappé par la hausse générale du niveau de l'orchestre et de la précision des pupitres. Si à l'époque Gergiev (prédécesseur de Yannick Nézet-Seguin), la phalange batave était capable de grands moments, elle semble désormais plus affûtée et plus homogène sous une baguette qui doit favoriser le travail en répétition. On reste assez éblouis de la musicalité de certains chefs de pupitres (Herman van Kogelenberg à la flûte ou Ron Tijhuis au cor anglais ). L'ouverture de Tannhäuser est ainsi portée par une maîtrise anti-spectaculaire qui suit les gradations. Quant à la symphonie «héroïque», elle fascine par son énergie et la beauté plastique de l'orchestre. Rompu au travail avec des chefs néerlandais «authentiques», l'orchestre avance, avec un sens inné du respect des intentions musicologiques mais avec de petit plus qui fait la marque des grandes interprétations.

En bis, l'orchestre offre le «jardin féerique» de Ma mère l'Oye de Maurice Ravel.

Crédit photographique : © Pierre Dury

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