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Szymanowski par Boulez !

DGG célèbre, avec du retard, les 85 ans de . Cette rentrée est donc une session de rattrapage avec 3 nouveautés. Entre un album Mahler et un disque Ravel, le chef français se confronte à Szymanowski. Apport à la discographie du maître, cette nouvelle galette illustre les pérégrinations du musicien en dehors de ses bases traditionnelles.

Si le sage de Montbrison n'avait pas encore dirigé et enregistré Szymanowski, il en connaissait la musique depuis ses années du formation à Lyon. C'est à l'âge de 17 ans qu'il entendit «La Fontaine d'Aréthuse» extraite des Mythes pour violon et piano, dans une interprétation du violoniste Jacques Thibaud. Sans avoir fréquenté les partitions de Szymanowski, cette musique était restée gravée dans un coin de sa mémoire. avoue, dans un entretien fourni en complément de ce disque, aimer la singularité de ce compositeur, entre deux univers, Debussy et Scriabine.

Le programme, même si assez court, est intelligent et confronte deux partitions contemporaines, composées, en 1916, lors de la première guerre mondiale. Le compositeur était alors isolé sur les terres de son manoir polonais de Galicie orientale et il multipliait les partitions. Le geste de allie comme toujours la précision et l'analyse mais replace, fort justement, Szymanowski dans une optique moderniste. Sa battue taille et sculpte une musique qui fuit toute romantisation excessive, pour briller tel un diamant étincelant. La philharmonie de Vienne présente ses riches sonorités qui donnent le cachet Europe centrale qui sied à cette musique, mais avec un luxe sonore et une attention instrumentale que les autres orchestres s'aventurant dans cette musique n'avaient pas. Plus que d'autres interprètes, Boulez parvient à restituer toutes les beautés de ce romantisme extatique, en particulier de la redoutable symphonie n°3. Le chef évite le piège de la lourdeur et parvient à galvaniser les forces chorales et instrumentales digne des grands opus mahlériens (bois par 4, six cors, riche percussion et même orgue).

Dans le concerto pour violon n°1, il sert au toujours génial, un accompagnement luxuriant et ensorceleur.

Les données sont simples : il s'agit certainement de la meilleure porte d'accès à l'univers de Szymanowski et de l'un des très grands disques de Pierre Boulez. Le minutage est un peu chiche mais le label a complété le beau digipack avec un disque d'entretien trilingue, ce qui comble subtilement cette carence.

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