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Joyce DiDonato : Rock around the Gluck


Pour sa participation au cycle des «grandes voix», annonçait un programme alléchant, organisé autour de la figure de  : confrontation entre sa Clémence de Titus et celle de Mozart, son Orphée et celui d'Offenbach… La diva a par ailleurs annoncé que ce récital était concomitant à l'enregistrement studio d'un CD sur le même thème, à paraître en janvier 2011, qui devrait nous en dévoiler plus. Pour le moment, nous restons encore sur notre faim, car si, en plus des œuvres citées, elle a interprété deux extraits des Nozze di Figaro sous prétexte de l'admiration que Mozart vouait à Gluck, on se demande ce que vient faire ici La Cenerentola de Rossini, si ce n'est promener un «air de valises» ? Et ne parlons pas des intermèdes instrumentaux !

Au fait, si, parlons en. La première partie proposait l'unique œuvre symphonique de Francis Poulenc, une Sinfonietta en quatre mouvements, créée en 1947, qui ne fait pas vraiment partie des meilleures œuvres du compositeur. Pour mieux démontrer qu'il ne s'agissait que de musique d'attente, celle-ci a été saucissonnée en intercalant en son plein milieu les airs des Nozze di Figaro «non so più» de Chérubin, pris à froid avec des attaques incertaines, et «Deh vieni, non tardar» de Susanna, manquant d'âme. Reprise des deux derniers mouvements de la Sinfonietta, et le temps dure, dure, dure…

Les choses sérieuses commencent avec «se mai senti spirarti sul volto» de la Clemenza di Tito gluckienne, qui n'est autre que l'original de «O malheureuse Iphigénie» d'Iphigénie en Tauride, et le rondo mozartien «non pù di fiori». délivre alors un chant admirable, d'une technique époustouflante, d'un timbre miraculeux, d'une propreté exemplaire. Cependant, malgré toute notre admiration, force est d'avouer que le personnage de Vitellia, hystérique et manipulateur, ne semble pas correspondre au caractère de la diva, et que la tessiture de soprano, crânement assumée, manque un peu de brillant.

Après cette première partie en demi-teinte, l'orchestre de l'Opéra de Lyon, un peu poussif, et pas vraiment homogène, entame l'ouverture d'Iphigénie en Aulide. Vient l'air d'Eurydice d'Orphée aux enfers d'Offenbach au titre de mise en bouche, ensuite place à la virtuosité, aux vocalises folles, aux ornementations délirantes. «Amour vient rendre à mon âme», originalement écrit pour ténor et transposé pour mezzo-soprano par Berlioz, enthousiasme le public. L'orchestre se rattrape quelque peu avec l'ouverture de Béatrice et Bénédict, quoique manquant encore de fantaisie et de légèreté. Suit le rondó final de La Cenerentola, déjà entendu sur scène plus d'une fois par la même interprète, mais d'une telle perfection qu'on ne s'en lasse jamais !

Le meilleur reste cependant dans un bis anthologique, le «parto, parto» du Sesto mozartien, d'une délicatesse et d'un engagement qui font attendre avec impatience la parution du CD.

Crédit photographique © San Francisco Performances

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