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Elīna Garanča, une Lettonne en Espagne

L'Espagne, c'est sa passion ! Dès son premier album, enregistré pour Deutsche Grammophon en 2006, se dédie régulièrement à la musique proprement espagnole ou inspirée par la culture ibérique. A Düsseldorf aussi, l'Espagne est à l'honneur. Annoncé comme un concert pour promouvoir son dernier CD (intitulé «Habanera»), le programme varie pourtant sensiblement. Certes, on retrouve certaines compositions espagnoles, on retrouve Carmen aussi, mais à côté, on découvre également des airs de Ponchielli et de Donizetti.

Le titre même du concert, «Habanera» encore, a perdu son sens puisque de Carmen, Garanča n'interprète pas ce fameux extrait, mais l'entrée du rôle-titre tirée de la première version de l'opéra… Les prix pourtant, sont bien ceux d'un concert de promotion – variant de 55 à 100 Euros. Est-ce pour cette raison, qu'un bon tiers des places reste vide – malgré la renommée de la soliste ?

Heureusement, la prestation vocale d' fait taire toute remarque critique. Que faut-il souligner d'abord ? La pure beauté du timbre, d'un velours exceptionnel ? La chaude rondeur des graves ? La facilité de l'aigu, percutant et lumineux à la fois ? Le contrôle du souffle ? L'art des nuances et du messa di voce ? Ou faut-il plutôt louer les qualités de l'interprète capable de dessiner le caractère d'un personnage en quelques minutes seulement ? Ainsi, d'un moment l'autre, la pieuse Cieca de La Gioconda se transforme en une Léonore (La Favorita) blessée et profondément perturbée. Un peu plus tard encore, Garanča est une Carmen à la fois sensuelle et fière, d'une belle arrogance dans l'émission pourtant jamais figée. Même les extraits de zarzuelas perdent ici leur caractère prétendument «facile».

Contrairement à d'autres concerts de ce style, ce n'est pas chanteuse seule qui mérite le déplacement. L', sous la baguette enflammée de Karel Mark Chichon, s'avère un partenaire tout à fait digne de la mezzo vedette. Visiblement enthousiastes, les musiciens suivent leur chef qui ne cesse de les animer sans pour autant miser sur un effet purement extérieur. Certes, les effets sont là (les extraits du Capriccio espagnol de Rimski-Korsakov, le prélude de Carmen !), mais Chichon sait aussi moduler le son. Il maîtrise l'art du rubato et fait preuve d'un admirable sens du juste tempo. Pas étonnant, dans ces conditions, que le concert se termine dans la joie avec un «Granada» jubilatoire, couronnée d'un aigu fulgurant…

Crédit photographique : Photo © Harald Hoffmann / DG

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