Que dire ? Et surtout qu'écrire ?… et pourquoi faudrait-il à tout prix démolir cet immense travail de plusieurs semaines mené à bout par un Los Angeles Opera généralement accompli et superpolicé ?
Mal ficelée, bâclée, si peu comique (bien que Barbarina, Bartolo, Marcellina et quelques autres soient ici ce soir assemblés dans le seul but de divertir), la production déroute, désoriente, tombe à plat. Mais aussi… pourquoi vouloir à tout prix transposer ces Nozze dans le Hollywood des années 50 ? Pourquoi dénaturer notre Comtesse, pourquoi la métamorphoser ainsi en grande petite-bourgeoise alcolo, avachie des heures entières sur un lit, téléphone et champagne à la main ? (et puis… n'est pas Gloria Swanson qui veut !)… Et pourquoi métamorphoser ainsi notre Comte en gros loup-garou dénudé, en rut permanent ? C'est commun, vulgaire et ce n'est pas drôle.
Seuls Susanna, Figaro, et, dans une moindre mesure Cherubino, apparaissent moins typés, plus sensibles, plus humains. Les décors et costumes sont insignifiants (insipides et tristounets). La mise en scène, nous l'avons noté, est, elle, monotone et maladroite, souvent soporifique.
L'orchestre se cherche, gauchement dirigé par un Plácido Domingo en totale méforme (il n'y a entre fosse et plateau qu'incohérences et désaccords).
Vocalement, les choses ne vont pas mieux et seule Renata Pokupic (Cherubino), au mezzo chaleureux, suffisamment délicat, aérien, tire véritablement son épingle du jeu. La voix de Martina Serafin, aigre, acide, souvent stridente, manque ici de cette élégance, de ce tact, de cette magie dans l'émission que seul un être terriblement blessé sait révéler et transcrire. Celle de Bo Skovhus, pourtant robuste et bien plantée, au timbre souvent charmeur, s'effiloche et sombre dans les fanfaronnades et autres galipettes. Celle de Rebekah Camm, courte et si peu porteuse, déçoit fortement, tout comme celle de Daniel Okulitch. En conclusion, et vous l'aurez compris, décevant, frustrant.