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Orchestre Philharmonique de Berlin à l’heure russe avec Neeme Järvi

ne manque pas d'humour.

Après s'être enquis auprès du premier violon du mot allemand signifiant «bis», c'est en bataillant ferme contre le bouquet de fleurs débordant sur sa partition qu'il a tenu à diriger le seul bis qu'autorisait la météo berlinoise : la célèbre valse des flocons du Casse-Noisette de Tchaïkovski clôture brillamment un copieux concert qui laisse pour seul regret celui de ne pas avoir pu admirer le travail de Kirill Petrenko, qui aurait dû le diriger. , qui n'a débuté avec l'orchestre berlinois qu'en 1990, connaît néanmoins bien l'orchestre qu'il a souvent dirigé ces dernières années.

Le programme choisi par Kirill Petrenko et repris intégralement par son aîné s'ouvrait sur l'une des œuvres les plus étonnantes de Chostakovitch : dans sa vaste Symphonie n°14, un soprano et une basse se partagent une succession de textes en apparence hétérogènes, mais unis selon les mots du compositeur par «le thème éternel de l'amour, de la vie et de l'amour, tandis qu'un orchestre réduit à un petit nombre de cordes, un célesta et quelques percussions, va à rebours d'une tradition de monumentalité orchestrale qui marque profondément la musique du XXe siècle. Cette réduction des moyens est l'occasion pour et les magnifiques cordes berlinoises de créer des textures transparentes où la lumière noire perce à chaque instant. chante à merveille, avec toute la palette expressive requise, la Lorelei ou la coquette rieuse, mais c'est qui suscite la plus vive admiration par son art du mot, qui donne à son chant une présence et une force de conviction qui parle même à l'auditeur non russophone.

La seconde partie, consacrée à deux œuvres sinon narratives, du moins imprégnées de mythes littéraires, convoque elle l'orchestre tout entier, que Neeme Järvi sait mettre en valeur sans jamais tomber dans la facilité du déchaînement dynamique. Sa direction fort peu spectaculaire et d'une scrupuleuse fidélité aux compositeurs a l'art d'offrir aux solistes de l'orchestre, tel le superbe clarinettiste de la fantaisie de Tchaïkovski, des conditions idéales pour faire briller leur talent. Rien n'est voyant ici, rien n'a besoin d'être affirmé : on pourrait peut-être trouver cela en quelque sorte un peu trop classique, mais il serait plus juste de voir dans cette perfection discrète l'élément déterminant de la supériorité d'un orchestre qui n'a aucune raison de se tourner avec nostalgie vers son passé.

Crédit photographique : Neeme Järvi © NJSO

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