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Viva la mamma de Donizetti à la Scala, l’auberge espagnole

Le convenienze ed inconvenienze teatrali parfois appelé Viva la mamma, est une œuvre qu'on peut trouver aussi amusante que sinistre, aussi pétillante que sans inventivité, aussi plate que gracieuse, bref, on y trouve ce que les intervenants ont bien voulu mettre à l'intérieur.

Donizetti est en partie responsable, il a remanié sa partition à plusieurs reprises, et a invité ses chanteurs à y ajouter tous les «airs de valise» qui leur conviendraient. C'est aussi la faute d'une trame un peu lâche, qui raconte les déboires d'une minable troupe de province italienne du début du XIX° siècle : rivalités et caprices de diva, producteur véreux, ténor hystérique au fort accent teuton, compositeur mégalomane, librettiste pompeux, sont croqués avec bonheur et rappellent bien des travers qui existent encore à notre époque. Enfin, l'envahissante Mamma Agata, mère abusive et chanteuse ratée, prête à tout pour obtenir un rôle à sa progéniture, nécessite un baryton de fort tempérament qui aura toujours à l'esprit de ne pas verser dans le grotesque. Il faut, pour rendre leur saveur à ces caricatures, des chanteurs qui soient aussi d'excellents acteurs.

Cette production milanaise est destinée à faire briller les solistes de l'Accademia di Perfezionamento per Cantasti Lirici del Teatro alla Scala, elle relègue de ce fait la mise en scène au second plan, mais se trouve riche d'airs rajoutés : des extraits d'Aureliano in Palmira de Rossini, de Fausta de Donizetti, de La Flûte Enchantée… Les chanteurs sont impeccables : Jessica Pratt assurée en prima donna colorature, maîtrise un large ambitus, Simon Bailey parfait dans son grand air, «Aurora Tirotta brillante», avec de très beaux aigus, et Leonardo Cortellazzi charmant dans «dis Bilnis». En revanche, le rôle de Pippetto est complètement escamoté, alors qu'il s'agit d'un des meilleurs moments du livret : la mezzo embauchée pour interpréter la sirène se trouve en fait être un contre-ténor, au désespoir du metteur en scène. La pauvre Asude Karayavuz se contente donc de rouler des yeux en boules de loto, quasi-silencieusement. Vincenzo Taormina, bien chantant, fait ce qu'il peut de mamma Agata, mais ne laisse jamais oublier Giuseppe Taddei, Simone Alaimo ou Bruno Pratico, autrement plus hilarants.

La mise en scène est quelconque, voire languissante, manque de dynamique et de jubilation. L'orchestre, sous la direction de , n'est pas inoubliable, mais soutient les jeunes chanteurs de son mieux. On entend de très belles voix, mais on ne s'amuse pas. Pourquoi alors avoir choisi une telle œuvre ? Qui plus est, La traduction des sous-titres français est assez approximative.

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