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Cherevichki à Covent Garden, de bonnes intentions pas vraiment convaincantes !

Le Royal Opera House de Covent Garden propose en DVD une rareté lyrique et hybride de Tchaïkovski : ces Souliers de la Tsarine.

Telle est la traduction proposée par cette production, on trouve aussi mention de cette partition sous le nom de Vakoula le Forgeron/Les Souliers de la Reine. Si l'histoire de la musique et les saisons d'opéras retiennent essentiellement La Dame de pique, Eugène Onéguine et parfois Mazeppa, il ne faut pas perdre de vue que cette Cherevichki était l'opéra préféré de son compositeur ! Tirée d'une courte d'histoire de Gogol, cette partition est le fruit d'un concours organisé par la Société musicale russe et remporté par Tchaïkovski, en 1873. Un célèbre membre du jury fut séduit par ce texte : Rimsky-Korsakov. Ce dernier composera sa Nuit de Noël, mais il attendra la mort du compositeur de lac des Cygnes pour s'y confronter.

Pour transcender une partition, somme toute assez secondaire, il faudrait un chef qui ne se limite pas à battre la mesure ! Alexander Polianichko enfile les notes sans tension dramatique, ni virtuosité et son travail ne rend pas justice à la musique. L'Orchestre de Covent Garden sonne maigrichon et même vulgaire sous cette direction au mètre. En dépit de l'enthousiasme d'une équipe vocale, majoritairement russophone, qui possède le style idéal pour habiter ce conte à la russe, on s'ennuie quelque peu au visionnage de cet opéra !

La mise en scène échoit à la très inégale et stakhanoviste qui, en coordination avec son équipe scénique et son chorégraphe, donne dans l'ultra -littéral ! Le spectateur se retrouve donc en pleine Russie villageoise du XIXe siècle avec ses cosaques enivrés et ses costumes bariolés ! Le tout fait carton-pâte, façon production du Bolchoï de la grande époque mais sans la magie surannée de ce dernier. On sourit plus d'une fois devant les gentils monstres (diables, lutins des bois) qui agrémentent l'espace scénique (parler de direction d'acteur n'est pas franchement réaliste…).

Pour l'anecdote, il s'agit d'une production du Festival de Wexford retravaillée pour le Royal Opera. La directrice artistique des lieux Elaine Padmore, ancienne responsable dudit festival, voue une tendresse particulière à cette œuvre et a souhaité en proposer une version au public londonien.

On est donc en présence d'une œuvre gentillette, très bien chantée, mal dirigée et mise en scène selon des critères qui nous échappent. Au niveau éditorial, il faut saluer les bonus généreux et intéressants.

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