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Claus Peter Flor décape Smetana

C'est avec une grande satisfaction que l'on retrouve, sous étiquette Bis, le brillant chef d'orchestre allemand . Au début de l'ère numérique, le musicien avait enregistré deux intégrales majeures des symphonies de Martinu et Mendelssohn pour le label RCA. Parti avec l'eau du bain lors de la crise du disque, le chef a posé ses valises en Malaisie pour présider aux destinées de l'orchestre philharmonique local, phalange de haut niveau, largement subsidiée par la compagnie pétrolière locale Petronas.

Le cycle Ma Patrie a toujours suscité l'intérêt des interprètes non-tchèques (indéboulonnables dans cette œuvre à la portée musicale et historique) attirés par la force de cette musique : Metha (Sony), Mackerras (Supraphon), Berglund (EMI), Harnoncourt (RCA), Levine (DGG), Sargent (Emi), Colin Davis (LSO live), Dorati (Philips). Cependant, la plupart de ces lectures, parfois excellentes (Colin Davis, Berglund) ou souvent médiocres (Metha, Levine), ne sont jamais parvenues à rivaliser avec les gravures de Kubelik (plusieurs labels), Ancerl (Supraphon), Talich (Naxos) ou Neumann (Berlin Classics). Dès lors, la réussite de ce nouveau disque est à marquer d'une pierre blanche !

L'optique de est de «dégraisser le Mammouth» du souffle patriotique et de se concentrer sur la progression du discours tout en soignant les nuances et les contrastes. C'est donc un Smetana, altier, dansant et conquérant qui se déroule sous cette battue. La gestion des dynamiques et de l'orchestration atteignent un équilibre assez parfait en terme de fluidité. Les parties de vents de Tábor et Blanik s'avèrent ciselées à l'extrême dans une logique narrative passionnante. De plus, Flor tient le discours fermement et parvient à maintenir l'attention de bout en bout (les deux derniers poèmes symphoniques sont souvent expédiés rapidement sous des baguettes moins consciencieuses) faisant surgir des détails bondissants et colorés.

Sans posséder les teintes de certaines phalanges européennes, l'orchestre malais assure un fini technique et un équilibre des pupitres digne des grands orchestres mondiaux. Ses couleurs assez neutres permettent au chef de sculpter, de taillader la matière orchestrale en la passant au scanner.

Bien évidemment, cette nouvelle version, très personnelle, réfléchie et aussi intelligente que musicale est à connaître même si les références tchèques seront toujours des sommets de la discographie.

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