En 1991 déjà, le baryton américain Thomas Hampson, en compagnie du piano de Geoffrey Parsons, marquait de son empreinte la version originale pour voix et piano de Des Knaben Wunderhorn. Une passion pour l'œuvre de Mahler qu'il avait acquit au début de sa carrière quand le chef Leonard Bernstein l'appela une année plus tôt pour enregistrer les Lieder eines fahrende Gesellen, les Kindertotenlieder et les Rückert-Lieder en compagnie des Wiener Philarmoniker. La patte sensible du chef américain allait profondément marquer Thomas Hampson et son intérêt pour la musique de Gustav Mahler.
Aujourd'hui, se profilant comme l'un des meilleurs interprètes du répertoire malhérien, il profite de cette année-anniversaire pour y revenir avec un très bel enregistrement de ce poème dont il tire les bénéfices de l'expérience acquise au cours de ces vingt années passées aux côtés de ces œuvres. La version présentée ici se meuble de l'orchestre, tel que Mahler l'a prévu, la version avec piano n'étant apparemment seulement destinée à la présentation de l'œuvre aux cercles financiers de mécènes avant un éventuel financement du matériel orchestral que l'œuvre demandait.
D'un point de vue orchestral, les Wiener Virtuosen sont irréprochables. De son côté, Thomas Hampson ne profite guère de cet accompagnement de rêve pour donner toute la portée lyrique des poèmes. Et puis que ses admirateurs ne s'attendent plus au miel de sa voix. La vingtaine d'années qui séparent ces deux enregistrements a considérablement modifié l'instrument du baryton, le trouvant maintenant plus dur, plus sec et moins souple que par le passé.
Reste que l'entreprise est intéressante, et qu'en dehors de cette restriction, la qualité de l'enregistrement, tout comme le soin apporté à la rédaction d'une notice remplie d'informations, vaut le détour de cet album.