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Vous vous souviendrez de Kirill Gerstein !

Souvenez-vous de  ! Voici le tour de force d'un pianiste russe trentenaire qui en défendant ces trois partitions majeures s'impose comme un outsider de premier ordre.

L'extrême netteté et la grande précision de son toucher le disputent à une sensibilité certaine, néanmoins capable de s'effacer au profit d'une force et d'une puissance étonnantes. Le programme intelligent de ce CD offre au jeune pianiste les potentialités nécessaires et suffisantes à l'expression de son immense talent. Après l'installation aux USA (1993) ce surdoué, qui s'intéresse aussi au jazz, s'inscrit au Berklee College of Music de Boston, fréquente Tanglewood et travaille à la Manhattan School of Music de New York avant le perfectionnement à Madrid et Budapest. Plusieurs prix prodigieux (Gilbert Artist Award en 2001 et 2002, Concours Rubinstein en 2001…) précèdent sa naturalisation (2003), l'obtention d'une chaire de professeur de piano (Stuttgart) et l'enregistrement remarqué avec Tabea Zimmermann d'œuvres de Brahms, Vieuxtemps et Rebecca Clarke (2010). De nombreux engagements internationaux comme soliste et concertiste s'enchaînent et le conduisent aux quatre coins du monde. Ils reçoivent les suffrages des publics et souvent de la critique professionnelle.

Sous ses doigts, la géniale et imposante Sonate en si mineur de Liszt, créée par le fameux Hans von Bülow en juillet 1857, revit comme par magie grâce à son architecture audacieuse solidement rebâtie, à l'imbrication de ses thèmes généreusement reconstruits, à la mise en avant de l'alternance fascinante de contrastes mélodiques et rythmiques si typiques du compositeur hongrois. Une compréhension analogue du monde de l'Humoreske (1838) de transcende la partition et nous rapproche de son intimité émotionnelle, romanesque et fantasque, points cardinaux que souligne délicatement le musicien, fin pisteur d'une logique parfois curieuse et tortueuse. On connaît moins la musique de l'Anglais Olivier Knussen. La découverte de cette «Dernière danse d'Ophélie» ne nous éloigne pas de ce précieux héritage romantique tant il baigne dans une espèce de mélodie pleine d'une déréliction secrète très communicative. Une nouvelle génération de pianistes se lève, la représente dignement.

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