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Une belle Neuvième en SACD par Mariss Jansons

Comme toujours avec les disques édités par les propres labels des orchestres, BR Klassik nous propose un nouvel enregistrement live, cette fois effectué au Vatican en 2007, qui nous permet d'entendre une Symphonie n°9 de Beethoven par l'Orchestre de la Radio bavaroise dirigé par son chef en titre, . Reconnaissons qu'il est bien difficile de déceler un effet «Vatican», qu'il soit sonore (pas d'effet d'église perceptible) ou musical (pas de «religiosité» particulière), dans cette nouvelle publication, qui ne s'essaie pas à renouveler l'interprétation du chef-d'œuvre, mais se contente d'en donner une exécution de haut niveau.

Si on devait faire un rapprochement simpliste pour donner une idée au lecteur de ce qu'il va entendre, on dirait que cette version se rapproche de ce que faisait jadis Karajan, sans l'excès de légato typique du chef autrichien, et sans l'aspect parfois martial qui entachait particulièrement le final de son dernier enregistrement chez DG, mais avec toute la puissance et la beauté expressive dont est capable un grand orchestre symphonique moderne. Nous avons là une superbe démonstration d'orchestre où l'équilibre des pupitres est, comme toujours avec ce chef, exemplaire d'un bout à l'autre. Ayant pris en main cet orchestre en 2003, Jansons l'avait déjà, quatre ans plus tard, amené à un remarquable niveau d'excellence, cet enregistrement en est la preuve, en même temps qu'un jalon, car ils ont encore progressé depuis.

Musicalement, on sent Jansons plus convaincant dans les mouvements pairs qui brillent par leur précision, leur couleur, leur justesse rythmique et mélodique, que dans les impairs, où une plus grande densité expressive et dramatique n'aurait pas nuit. Le très classique tempo du premier mouvement (près de 16') lui permet d'avancer sans heurts, mais les nuances de climats et la progression organique entre les différents épisodes auraient pu être plus creusées. Ne connaissant à ce jour pas d'autres neuvième par Jansons, nous ne sauront dire s'il a toujours pris ce même tempo rapide dans le troisième mouvement, mais 13'37 c'est bien rapide et ne commence pas vraiment Adagio molto e cantabile mais quasi Andante. Là il se distingue de Karajan déjà mentionné (autour de 16') et bien sûr se situe très loin de l'extraordinaire profondeur qu'atteignait un Furtwängler (jusqu'à plus de 20'suivant les versions). Avec ce tempo, Jansons respecte les tendances actuelles dans ce mouvement à variations, dont, du coup, certaines sont à notre sens trop survolées, et surtout, paradoxalement, ce tempo soutenu vide le mouvement de toute tension, il ne devient que plaisant, presque pastoral. Or Beethoven a déjà écrit sa Pastorale et comme il ne se répétait jamais … Heureusement les différents solistes de l'orchestre se montrent excellents. Le second mouvement, avec de remarquables timbales, réussit parfaitement bien la partie rythmique, et le contraste dans la continuité avec le trio est impeccable. Le final, avec un très bon quatuor vocal, est une belle réussite, où chœur et orchestre font preuve d'une ampleur dynamique et d'une cohésion indispensables à ce célèbre mouvement. Et si on regrette un peu que l'exposé du fameux thème de l'Ode à la joie ne soit plus retenu et que le sublime contrechant du basson ne soit pas aussi bien mis en valeur, il faut reconnaître que ce mouvement est globalement conduit de main de maître.

Cette nouvelle version, n'ayant pas d'autre parti pris que de bien faire son travail, atteint son objectif, mais ne bouleverse pas la discographie où chacun aura déjà ses préférences. Mais qui veut une version en SACD en aura ici une fort solide.

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