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Bruno Mantovani & Pascal Rophé : Multiples éclats

C'est le troisième disque monographique de qui sort sous le label Aeon. Les trois pièces de cet enregistrement – incluant l'impressionnant Concerto pour deux altos (38') – sont écrites entre 2005 et 2008, cette période de quatre années qui séparent la conception des deux opéras du compositeur.

«J'ai besoin d'un certain nombre de pièces-laboratoire pour pouvoir ensuite synthétiser tout ça» dit-il au sujet de Finale en pensant à son opéra Akmatovacrée le 28 mars à l'Opéra Bastille sous la direction de .

Pour le compositeur, Time Stretch et Finale forment un cycle ; ce sont deux pièces de concours, naturellement virtuoses – «Je n'ai nul besoin de me forcer» précise-t-il – qui, sans être des concertos, sollicitent deux instruments solistes, la clarinette dans Time Stretch et la flûte dans Finale : un besoin chez lui, inhérent à sa dramaturgie sonore, de ménager des oppositions et de réactiver l'énergie par des jeux constants de différenciation avec cette manière efficace et puissante qui est la sienne. La clarinette de Time stretch plus encore que la flûte de Finale autorise des plages de suspension où la ligne se relâche et la sensibilité microtonale affleure au sein d'une écriture flamboyante dont les relances presque brutales – on admire la réactivité de l'Orchestre de Liège – éprouvent parfois l'écoute et tendent à durcir les sonorités.

Le Concerto pour deux altos évite heureusement ce débordement en instaurant le même principe de tension/suspension dans un contexte toujours très éruptif – mais émaillé de trouvailles – et une gestion souveraine de la grande forme ménageant d'amples respirations. Eblouissants par la qualité du jeu qu'ils déploient et le grain de leurs sonorités jumelles, et (maître et élève) ont ici une partition écrite sur mesure ; «il s'agit de créer le contrepoint, de susciter l'émulation» nous dit Mantovani qui ouvre son concerto par une première cadence des deux solistes : habile stratégie pour ménager ensuite avec l'orchestre de très beaux effets de perspective que l'enregistrement restitue idéalement. L'imagination y est toujours souveraine, qui met à l'œuvre jusqu'aux ultimes fulgurances, l'originalité des morphologies sonores. Irréprochable et rutilant, l' électrisé par son ancien directeur musical frise l'excellence.

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