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Ernest Bloch n’est plus une voix dans le désert

Au sein d'un très intéressant disque consacré à différents compositeurs de la Nouvelle Ecole Juive (1908-1938) et à (1 CD Hänssler Classic), ce dernier se distinguait notablement de cette école par l'émotion et l'expressivité simple qui parcourt De la vie juive et la Méditation hébraïque.

Bloch disait chercher à exprimer l'âme juive, celle «complexe», «agitée», «qui parcourt la Bible», en écrivant de la «musique bonne et sincère», et il y parvenait magnifiquement dans ces deux œuvres.

On retrouve avec plaisir ces deux pièces dans le disque de (violoncelle du Quatuor Prazák) et , complétées par Nigun, œuvre de dimension et d'esprit similaire et composée du reste à la même époque (1924). Vingt ans après sa célèbre rhapsodie pour violoncelle et orchestre Schelomo (Salomon) de 1916 sur des textes bibliques tirés de l'Ecclésiaste, et dix ans après ces pièces chambristes plus intimes, Bloch achève un poème symphonique pour violoncelle obligé en 1936, Voix dans le désert. La version pour piano et violoncelle date de l'été précédent, et elle constitue l'apport majeur de ce disque puisqu'il s'agit du premier enregistrement jamais effectué depuis celui réalisé par George Sopkin (violoncelle) et Florence Kirsch (piano) en 1950, édité par la confidentielle Society américaine en 1952. Ferveur, réflexion sur la destinée humaine, le dialogue à voix nues des deux instruments met en valeur la méditation et touche à l'âme.

Les deux compléments, les Visions et Prophéties (1936) qui adaptent pour piano les cinq premiers mouvements de Voix dans le désert, et la Suite n°3 pour violoncelle (1957) en hommage à Bach, sont de valeur mais ils ne déplacent pas le centre de gravité du disque.

L'intensité, la chaleur, le naturel de l'interprétation de et Borges Cœlho rendent parfaitement justice à cette musique qui est effectivement «bonne et sincère», au sens plein et entier de ces mots si souvent galvaudés.

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