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L’étonnant Tchaïkovski de Neeme Järvi

À peine terminée, l'intégrale des œuvres orchestrales de Tchaïkovski, sous la conduite du vénérable , se retrouve en coffret ultra-économique.

Editorialement, l'intérêt est de compléter les symphonies n°1 à n°6, des partitions orchestrales du compositeur. On retrouve donc les archi-tubes que sont Roméo et Juliette ou le Capriccio Italien mais aussi des raretés comme la superbe suite de la Fille des Neiges avec sa sémillante « danse des bouffons ». Qui plus est les conditions techniques de ces enregistrements sont assez abouties et, sur le papier, cette somme se devrait d'être une référence, surtout avec un chef aussi expérimenté, en matière de musique russe, que .

Pourtant, l'auditeur reste assez déçu devant les choix interprétatifs du chef. Järvi cherche en effet à dépassionner le débat et privilégie la logique de construction et les équilibres. Certes, on évolue en terrain novateur et parfois stimulant intellectuellement, comme dans les symphonies n°1 à n°3. Mais les grandes œuvres comme les trois dernières symphonies et les grosses machines orchestrales, restent bien trop sur la défensive pour toucher l'auditeur. Dédramatisée, l'illustre pathétique en devient même presque amorphe et stagne au milieu d'une lecture purement orchestrale qui surligne les transitions au-delà du raisonnable. Quant à Francesca Da Rimini, elle s'avère moue du genou, surtout après la tornade déclenchée par Mariss Jansons (BR). C'est tout le problème de cette optique, qui à force d'éviter le côté théâtral de Tchaïkovski, ne parvient pas retenir l'attention, à moins de suivre les pièces, avec la partition sous les yeux et d'admirer le respect des nuances et des indications.

D'autres chefs, comme Paavo Järvi (Telarc), Vladimir Jurowski (LPO) ou Andris Nelsons, parviennent à revisiter l'approche de ce compositeur en se frayant un chemin entre allègement des textures et efficacité orchestrale. Pour une optique plus traditionnelle et dans le même couplage (c'est à dire symphonies et pièces orchestrales), il faut chercher du côté de Svetlanov (BMG) ou Dorati (Mercury).

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