Une lecture probe de Mendelsshon

« C'est le maître trio de notre époque… » s'exclama Robert Schumann à propos du Trio avec piano, violon et violoncelle op. 49 en ré mineur de son ami Felix Mendelssohn. Dans l'élan de son admiration sincère il l'élève au niveau de l'immense Beethoven disparu seulement dix-huit ans auparavant. « Le plus éblouissant » des compositeurs clame-t-il encore en découvrant ce Trio n° 1 créé au Gewandhaus de Leipzig le 1er février 1840 par les amis David-Wittmann-Mendelssohn. Et de fait cette musique agréablement fluente, parfaitement dessinée, presque évidente a charmé, charme et charmera encore longtemps des générations d'auditeurs captivés et ravis par tant d'aisance, de grâce et de naturel. Peu de traits ont changé dans le Trio n° 2 en ut mineur op. 66 créé par les mêmes comparses le 20 décembre 1845 et dédié au plus célèbre des musiciens allemands vivants, à savoir Ludvig Spohr. Les épreuves douloureuses et itératives ont probablement modéré l'insouciance et l'allant quasi-juvéniles du Premier Trio mais, tout ce que l'on admire chez Mendelssohn s'y trouve encore. D'innombrables versions enregistrées témoignent de l'attachement et de la fascination envers ces deux opus incontournables et si parfaitement représentatifs du romantisme germanique. Le Swiss Piano Trio (Schweizer Klaviertrio), après tant d'autres, offre une interprétation tout à fait honorable, engagée, médiane en quelques sorte. La formation joue depuis une douzaine d'années dans les salles prestigieuses de tous les continents. Elle a su s'imposer grâce aux qualités de chacun, qualités potentialisées par le dynamisme évident de groupe. Sans encore pouvoir prétendre détrôner les légendaires gravures de leurs meilleurs prédécesseurs ils méritent une mention appuyée. On n'oubliera donc pas pour autant : Isaac Stern-Leonard Rose-Eugene Istomin (Sony), Alfred Cortot-Jacques Thibaud-Pablo Casals (Naxos), Martha Argerich-frères Capuçon (EMI), Julie Fischer-Daniel Müller- Schott Johanthan Gilad (Pentatone).