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« Mostly Mozart » de Mojca Erdman, mais l’intérêt est ailleurs…

En dépit de son format, visiblement destiné à présenter au grand public une supposée révélation lyrique du moment, ce CD vaut davantage pour la relative originalité de son programme que pour son interprétation vocale, d'une grande médiocrité. À côté des pages hyper connues, qui permettent d'entendre pour la énième fois les airs de Zerlina, Susanne ou Pamina, figurent quelques pièces plus rares de Mozart (les deux airs de Zaide, notamment) et surtout des extraits peu entendus d'opéras de Salieri, Jean-Chrétien Bach, Paisiello et Ignaz Holzbauer qui permettent de mettre en contexte la production du compositeur salzbourgeois. Là est sans doute le mérite essentiel d'un produit par ailleurs décevant à plus d'un titre.

Le soprano de est en effet d'un grain particulièrement ordinaire, facilement aigre dans le médium, à la diction peu assurée et à la vocalise pour le moins laborieuse. L'instrument est en revanche plutôt sain et solide, d'une assez belle justesse, et mérite tout à fait que son interprète fasse une belle carrière sur les planches de notre planète. De là à justifier un récital solo chez l'un de nos plus grands labels ! De toute évidence, la carrière enviable de cette artiste s'est construite sur son agréable physique de nymphette, abondamment mis en valeur par les photos de charme qui parcourent la pochette, au texte particulièrement indigent au vu de la rareté de certains éléments du programme. On rêve d'entendre dans les pages en français ce qu'en aurait fait une Véronique Gens, et l'on s'interroge, quand on pense au patrimoine discographique dont nous disposons, sur l'opportunité de préserver pour le disque une Zerlina ou une Susanna à ce point dénuées de charme. Reconnaissons cependant que l'air de Pamina, sans doute avantagé par la présence de l'allemand, suscite une réelle émotion et devrait donner à quelques indications sur ses futurs choix de répertoire. Le singspiel et l'opérette viennoise semblent en effet davantage convenir à sa vocalité.

L'accompagnement orchestral dirigé par est en revanche tout à fait satisfaisant, autant par son sens du détail que par la belle énergie déployée tout au long de ses pages, des plus rares aux connues. Dommage que la perle rare de cet écrin soit davantage, si l'on nous pardonne de croiser ainsi nos métaphores, remarquable par son plumage que par son ramage.

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