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Sublime Tatiana Lisnic dans L’Elisir d’amore

Coproduite par cinq scènes lyriques françaises, la vision de L'Elisir d'amore proposée par s'installe à Angers-Nantes Opéra le temps de sept représentations, avec une distribution entièrement renouvelée.

Le metteur en scène réussit à imposer une imagerie nouvelle tout en restant fidèle à l'esprit comme à la lettre de l'ouvrage, et souligne avec acuité ce qui, au delà de la fantaisie légère généralement soulignée, relève du drame dans ce melodrama giocoso. Dans un cadre scénique épuré, il impose une direction d'acteurs au cordeau, un réel sens de l'image comme lorsque Nemorino est transformé en épouvantail à la fin du premier acte, et une grande intelligence textuelle. Nous avons récemment goûté des productions aussi réjouissantes que celles d' ou de , mais nous trouvons ici une mise en profondeur qui renouvelle réellement notre approche de ce joyau lyrique.

Tête d'affiche de ces représentations, n'a pas déçu. Dotée d'un instrument plus mûr que celui de la plupart des Adina que nous avons récemment entendues, elle frise la perfection sur le plan technique comme sur celui de la musicalité. Elle se joue des passages de virtuosité avec une aisance confondante, impose des aigus triomphants, joue la comédie avec naturel et sait nous émouvoir profondément au deuxième acte, emportée par le doute et une souffrance rarement révélée. Face à elle, le jeune ténor mexicain Edgar Ernesto Ramirez, dont la carrière est naissante, fait figure de révélation. Après une mise en action tendue, conséquence probable d'une indisposition dans le courant de la semaine, il campe avec sincérité un Nemorino gauche et attachant, libéré dans l'aigu, facile dans la vocalise et soucieux de style à l'image d'une Furtiva lagrima détaillée en sensibilité et en retenue.

Doté de moyens vocaux intéressants, Jeremy Carpenter trahit au premier acte certains défauts de l'école britannique avant de se libérer au second. livre une prestation théâtrale de qualité en meneur de jeu omniprésent doublé des accablements d'un clown triste. Vocalement, en revanche, malgré une intégrité non contestable, il manque d'italienita et de mordant, et Udite, o rustici y perd de sa saveur malgré les réjouissantes projections vidéo qui l'accompagnent (le produit Dulca+ avec campagne de publicité et téléachat à l'appui).

Dans la fosse, se montre moins inspiré par Donizetti que par Mozart. S'il se montre très attentif aux chanteurs, il opte pour de vifs tempi et a tendance parfois à brutaliser l'orchestre, comme dans le prélude. De même, les chœurs pêchent par un excès de fougue qui frôle parfois le désordre. En revanche, l'orchestre est en forme et nous offre de beaux moments, avec des solistes de qualité (mention à la petite harmonie).

Crédit photographique : (Adina) & Edgar Ernesto Ramirez (Nemorino) © Jef Rabillon / Angers Nantes Opéra

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