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Andrea Hill, Didon au croisement de l’amour et de la mort…

C'est devant une salle comble et enthousiaste dans le magnifique théâtre à l'italienne – aux colonnes du hall et extérieures entourées de bandeaux rayés d'un goût douteux, malheureusement – qu'a été donnée la dernière représentation du célèbre Didon et Énée de Purcell à Dijon.

Des didascalies présentent l'historique de la scène initiale afin de donner quelques éléments importants au spectateur pour comprendre le choix de Didon à la fin de l'œuvre. Comme le souligne le metteur en scène  : «Il faut que le public comprenne que le dilemme ne concerne pas seulement son amour pour Énée. Elle avait déjà fait le choix de ne plus jamais aimer, après la mort de son mari. Selon moi, il était important de dire qu'elle aussi est une réfugiée et d'expliquer ce qui s'était passé plus tôt. C'est pourquoi j'ai choisi d'ouvrir le spectacle sur un prologue.» Et force est de constater que Didon passe de l'amour à la mort sans plus de transition, à l'image de l'œuvre, entièrement fondée sur des contrastes et de oppositions. Ses couleurs de robes, comme le rouge, symbole de la passion mais surtout couleur du sang… le sien, qu'elle fera couler elle-même lors de son sacrifice final musicalement très réussi ici, ou le blanc, emblème de la pureté par excellence, soulignent les ambivalences du personnage titre, magnifiquement habitée par .

Elle poussera Énée – dont le rôle est confié à George Humphreys, véritable jeune-premier très convaincant – à partir, malgré l'amour qu'il lui porte. Outre les héros éponymes, il faut signaler la présence, la prestance et la sensibilité de Susan Gilmour Bailey en Belinda, véritable maillon fort de ce plateau de chanteurs tandis que Sara Gonzalez Saavedra dans le rôle de l'enchanteresse ne démérite pas. Vêtue de noir, elle incarne à merveille l'oiseau de mauvais augure qui causera la perte des deux personnages-titres. Elle est pour cela aidée de deux sorcières convaincantes dans leur rôle et d'un chœur, qui intervient à diverses reprises dans plusieurs rôles (dont celui des marins), toujours très juste tant musicalement que d'un point de vue scénique.

La direction musicale de depuis son clavecin est sensible et enlevée à la fois. L'orchestre sonne bien malgré un pupitre de cordes très perfectible, maillon faible du spectacle ; il n'est pour s'en convaincre, que d'écouter l'ouverture : mise en place et justesse approximatives, situation qui se reproduira ponctuellement, malheureusement. A l'opposé, le pupitre de bois et en particulier la partie de flûte à bec a été un enchantement permanent.

Au total, un spectacle séduisant dans une salle surchauffée mais qui aura réussi à enthousiasmer globalement le public dijonnais très généreux dans ses applaudissements…

Crédit photographique : (Didon) © Gilles Abegg

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