- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Cologne recherche Don Giovanni, urgent !

Il y a un an cette mise en scène controversée de Don Giovanni, signée , avait été créée à l'Opéra de Cologne, construite, pour l'essentiel, autour du formidable Don Giovanni de .

Un autre interprète pourra-t-il s'intégrer à cette production ? La question était flagrante. C'est , baryton allemand au répertoire particulièrement vaste, qui a finalement relevé le défi. Physiquement moins avantageux que son prédécesseur, il est pourtant un excellent acteur, débordant d'énergie et de vitalité. Il campe un Don Giovanni farouche, plus libertin que séducteur – et, pour cela, ne nous convainc entièrement qu'en deuxième partie de la soirée. Vocalement, hélas, il souffre encore d'une bronchite l'ayant contraint d'annuler les deux premières représentations de la série. Toussant à maintes reprises, il tente – non sans effort – d'adapter sa grande voix aux finesses du chant mozartien. Et une fois encore, il ne nous convainc que dans l'intense scène finale, couronnée d'un surprenant la aigu.

Ce soir-là, le maître est donc déclassé par son valet : , jeune baryton-basse à la carrière presque exclusivement américaine, s'avère vite un interprète idéal de Leporello. Quel acteur et – quel chanteur ! Doté d'une voix belle, ronde et bien placée, il sait jouer avec les mots, art bien nécessaire dans un rôle où les récitatifs ont une grande importance. Tout aussi idéal : en Don Ottavio. Le timbre est beau, le souffle long, et l'art des nuances force le respect. Rien à redire également du Massetto efficace de , alors que l'impressionnant Commandeur de se montre un rien trop crispé dans les aigus.

Côté femmes, le bilan est mitigé aussi. La plus grande déception nous vient de en Donna Anna. Passionnante Tatiana à Paris en 2009, elle s'avère ici complètement dépassée par les exigences du rôle. A vrai dire, son chant tout en force, ses d'attaques d'en dessous et ses aigus stridents finissent vite par lasser… Quelle différence avec l'Elvira de Nicole Cabelle ! Dès son air d'entrée, elle fascine par la beauté de sa voix corsée et homogène sur toute la tessiture, par son jeu de couleurs et de nuances. Voilà une interprétation mémorable culminant dans un «Mi tradì» gorgé d'émotions. Moins connue au niveau international, campe une Zerlina tout aussi parfaite, scéniquement et vocalement.

Reste une dernière déception : , enthousiasmant la saison dernière, offre cette fois une lecture bien trop routinière. Privilégiant des tempi uniformément allants, produisant de nombreux problèmes de coordination entre scène et fosse, cette lecture manque cruellement d'une empreinte personnelle. Ce n'est qu'en deuxième partie de soirée que les choses s'améliorent…

Crédit photographique : © Agentur Seifert

(Visited 128 times, 1 visits today)