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Mozart et Ildebrando D’Arcangelo

Le programme, il faut bien le reconnaître, n'est pas d'une folle originalité, même s'il permet d'entendre, à côté des grands classiques du genre, quelques-uns des sublimes airs de concert que Mozart écrivit pour la voix de basse.

Et si l'air alternatif «Rivolgete a lui lo sguardo», parfois chanté par Guglielmo au premier acte de Cosi fan tutte, n'est plus vraiment une curiosité aujourd'hui, ce CD permettra tout de même de faire entendre en première mondiale quelques mesures d'un récitatif des Noces spécifiquement conçu à l'intention du créateur de Figaro, Francesco Benucci, découvert dans les années 1930 puis récemment authentifié. Mises à part ces quelques raretés, l'essentiel du récital du beau et ténébreux est surtout composé des grands rôles mozartiens qui constituent depuis une quinzaine d'années le pain quotidien du chanteur : Figaro, Leporello, Don Giovanni, Guglielmo, peut-être demain le comte… Et qui s'en plaindra !

Dans la lignée des grandes basses italiennes au physique et à la vocalité de Latin lover (Ezio Pinza, Cesare Siepi, pour certains Ruggero Raimondi…), notre artiste séduit tout d'abord par la beauté et l'opulence d'un timbre de velours, à peu près égal sur toute l'étendue de la voix. Si l'extrême grave pose encore quelques problèmes pour certains des airs de concert, résolument écrits pour une voix de basse profonde, l'aigu est rayonnant et triomphant, comme il convient à ces pages écrites dans une tessiture de baryton-basse. De plus, le mordant du timbre n'exclut pas le chant legato, et contrairement aux chanteurs cités précédemment, D'Arcangelo est parfaitement à l'aise dans la vocalisation rapide, ce qui lui permet d'aborder sans danger non seulement les magnifiques airs de concert – notamment Mentre ti lascio, o figlia et Per questa bella mano, dans lequel la voix doit rivaliser de virtuosité avec la contrebasse… –, mais également le redoutable «Vedrò mentr'io sospiro» du comte Almaviva, sur lequel ce clôt le récital ; combien de barytons-basses se sont ridiculisés dans les vocalises finales… Enfin, depuis son dernier récital Haendel, l'expression semble s'être considérablement diversifiée, et à aucun moment l'auditeur n'est guetté par l'ennui que pourraient légitimement générer tant de pages hyper connues.

Galvanisé par l'allègre direction de , l', dont on attendait assez peu, se montre le plus énergique et le plus idoine des partenaires. En bref, ce CD apportera un sérieux démenti à tous ceux qui disent encore – mais ils se font de plus en plus rares, il est vrai… – que les Italiens n'ont rien à apporter à Mozart.

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