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Fin de résidence parisienne pour le LSO avec Bernard Haitink


Murray Perahia ayant du déclarer forfait, c'est qui assura la relève, non sans un changement de programme puisque le Concerto pour piano de Schumann céda la place à l'ultime concerto de Mozart, pour ce concert du London Symphony dirigée cette fois-ci par .

C'est avec une grande douceur que le chef attaqua l'Allegro initial du concerto, faisant chanter avec délicatesse le thème introductif à ses premiers violons sur un tapis legato des  seconds violons et altos qui ne se refusaient pas le plus classique des vibratos. Ainsi était planté d'emblée le décor de toute cette première partie de concert qui allait nous immerger dans un classicisme de bon aloie où le charme, l'élégance et le bon goût allaient régner en maître. Un tel accompagnement allait à merveille au style de la pianiste qui sait comme bien peu, à l'instar de Clara Haskil hier, dérouler et faire respirer la phrase mozartienne avec une simplicité qui jamais ne nuit à l'expressivité, comme si les notes tombaient avec le plus grand naturel sous ses doigts. C'est ainsi que ce concerto se déroula, certes sans la moindre surprise, mais sans histoire, dans la plus parfaite musicalité, ce qui suffit amplement au plaisir du mélomane. D'autant que l'équilibre acoustique entre le piano et l'orchestre (à 31 cordes ce soir) était sans défaut et que toutes les nuances dynamiques étaient parfaitement perceptibles, ce que ne réussissent pas toujours les ensembles concertants dans cette salle. Bravo donc pour ce sans faute, où, si nous devions faire une seule petite réserve, ce serait pour regretter un léger manque d'animation et l'emploi de tempi un peu sages. Certes, Mozart n'a indiqué successivement que Allegro, Larghetto, Allegro, on eut l'impression ce soir qu'on y avait ajouté ma non troppo, sans trop de dommages toutefois.

La Symphonie n°4 « Romantique » d' qui suivit, nous paru elle aussi jouée quelque peu ma non troppo tant se refusa tout élan, restant en quelque sorte collé à la lettre de la partition sans pleinement l'habiter et insuffler à chaque mouvement son énergie vitale. Le premier mouvement Bewegt, nicht zu schnell nous sembla symptomatique, respectant plus qu'à la lettre la seconde partie de son titre, oubliant presque la première, nous faisant penser, arrivé en son milieu, que joué ainsi, il pouvait durer toute la soirée car jamais ne nous donnant la sensation d'avancer vers quelque chose, et surement pas vers un climax ou une conclusion. Cette trop grande uniformité de ton et de tempo, cette quasi absence de pulsation, perdura toute la symphonie qui se déroula presque comme un « long fleuve tranquille », et lorsqu'un semblant de rupture arriva, il ne dura pas. Telle l'attaque du Scherzo où les cors essayèrent seulement les cinq premières secondes de la jouer à la manière des cors de chasse, ce qui est parfaitement dans le ton de ce mouvement, pour revenir presque instantanément à une sonorité plus ordinaire (même si le premier cor était en légère délicatesse sur beaucoup de ces attaques, ça n'explique pas tout). On avait l'impression que le rythme choisi devait éviter toute prise de risque, mais comme presque toujours dans ce cas au détriment du frisson qui jamais ne nous traversa l'échine ce soir. Jusqu'à la formidable coda du final, impeccablement mise en place, orchestralement impressionnante, mais expressivement, osons le dire, un peu vide. Le LSO reste une formidable machine symphonique « à tout faire » et impressionna une fois de plus, mais dans ce répertoire particulier, il n'a peut-être pas le naturel, l'évidence et la facilité qu'on trouve dans les philharmonies de Berlin ou Vienne, ou chez les deux orchestres de Maris Jansons, le Bayerische Rundfunk et le Concertgebouw d'Amsterdam.

Crédit photographique : /Fred Toulet

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